Non seulement les États-Unis ne parviennent pas à garder le leadership contre la Chine, mais leurs efforts pour écarter Pékin pourraient entraîner d’autres économies dans leur descente aux enfers. Dans le contexte de la crise sanitaire en effet, la Chine et les pays d’Asie avec qui elle entretient des relations étroites seront les principaux moteurs de la croissance mondiale. Les États-Unis, où la crise du coronavirus est gérée de façon désastreuse, ne feront pas le poids. Reste à voir si Washington va poursuivre dans ses attaques contre-productives ou changer son fusil d’épaule pour entamer un dialogue constructif avec la Chine. (IGA)
Le président des États-Unis,Donald Trump – soutenu par la plus grande partie de l’establishment états-unien – a renforcé l’assaut du gouvernement états-unien sur l’économie chinoise. La « guerre commerciale » semblait plaire à la base politique de Trump qui espérait d’une manière ou d’une autre qu’une attaque économique contre la Chine créerait miraculeusement à leur endroit la prospérité économique. En 2018, Trump a augmenté les tarifs sur diverses marchandises chinoises d’une valeur de 200 milliards de dollars. Puis, l’administration Trump s’en est pris aux firmes high-tech chinoises telles que Huawei, ZTE, ByteDance (les propriétaires de TikTok) et WeChat.
Aucune de ces mesures n’a très bien marché. Trump doit faire face à des jugements légaux négatifs concernant sa « guerre commerciale » et l’économie des États-Unis glisse en territoire négatif. Cela ne touche pas seulement Trump. Tant le parti républicain que le parti démocrate sont engagés dans une politique qui n’amènera pas la Chine à céder aux ambitions états-uniennes. Il reste à voir s’il serait possible aux États-Unis de faire machine arrière par rapport à cette orientation politique et commencer un dialogue avec la Chine.
Obstacles légaux
Des contestations juridiques au sein de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et au sein du tribunal de district pour le District du Nord de la Californie sont allées à l’encontre de l’administration Trump. C’est un contretemps pour l’orientation politique du gouvernement des États-Unis. Après que Trump eut annoncé les tarifs frappant un large assortiment d’importations chinoises, le gouvernement chinois a porté l’affaire devant le mécanisme de résolution des litiges de l’OMC. Après une étude approfondie, l’OMC a rendu son verdict. Le 15 septembre 2020, un comité de trois membres de l’OMC a estimé que les États-Unis avaient violé les dispositions de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 (GATT). L’Administration du Traité a 60 jours pour faire appel.
Le gouvernement des États-Unis n’aime pas perdre. Le Représentant du commerce états-unien, Robert Lighthizer, a fait une déclaration condamnant la décision. « Le rapport de ce comité », a dit Lighthizer, « confirme ce que l’administration Trump affirme depuis quatre ans : l’OMC est complètement inadéquate pour arrêter les pratiques technologiques nuisibles de la Chine ». Les États-Unis ont paralysé la capacité de l’OMC à rendre un verdict final contraignant, étant donné que la Cour d’appel de l’OMC n’est plus en état de fonctionner à cause du refus de Washington d’y accepter de nouveaux membres.
En 1994, les États-Unis ont œuvré pour la création de l’OMC, ont rédigé
nombre de ses règlements et y ont même amené la Chine en 2001. Parce que les États-Unis se sentaient aux commandes du monde, l’OMC a œuvré pour promouvoir leurs intérêts ; maintenant que l’économie de la Chine a gagné en puissance, les États-Unis trouvent encombrants les règlements de l’OMC. Le libre-échange n’est utile aux gouvernements comme celui des États-Unis que lorsqu’il bénéficie à leurs entreprises : sinon, le principe du libre-échange est commodément rejeté.
À l’intérieur même des États-Unis, il y a des doutes par rapport à la politique de Trump. Un juge a signé une injonction pour stopper le projet de Trump d’empêcher les résidents des États-Unis d’utiliser WeChat comme moyen de communiquer avec des personnes en Chine. La pression sur TikTok pourrait aussi s’estomper après les élections aux États-Unis.