Greta Thunberg en France : «Elle nous apporte de la visibilité», explique une membre de Youth for climate



INTERVIEW. L’activiste climatique mondialement connue, est en France cette semaine pour recevoir le prix Liberté et s’exprimer à l’Assemblée nationale lors d’un colloque.

Elle est aux quatre coins de l’Europe (en train, bien sûr) depuis des mois, et elle est en France cette semaine. Greta Thunberg, devenue symbole du combat des jeunes contre le réchauffement climatique, a reçu ce dimanche le prix Liberté, en Normandie, qui récompense une jeune personnalité qui s’est distinguée ces derniers mois. Pour sûr. Et ça continuera, dès mardi, à l’Assemblée nationale où elle est invitée à s’exprimer lors d’un colloque. Jamais l’écologie n’aura eu une telle porte-parole à l’échelle planétaire.

Relais de la mobilisation des jeunes un peu partout en Europe, la Suédoise attire la lumière. Forcément, les contempteurs sont aussi de sortie. Avoir une telle figure médiatique dans ses rangs est-il un avantage ou un potentiel inconvénient pour les activistes ? 20 Minutes a voulu poser la question à Koupaïa Rault, une Bretonne porte-parole de Youth for climate France.

Pour le mouvement écologiste, contre le réchauffement climatique, quelle influence a une telle personnalité ? C’est assez inédit d’avoir quelqu’un qui, à une échelle mondiale, porte autant la voix des écologistes.

Je pense que Greta est devenue un symbole, plus qu’un individu porteur de convictions personnelles. Elle est là pour montrer que des jeunes sont mobilisés. Ce qu’elle nous apporte c’est de la visibilité. Elle se met à la même échelle que nous, mais ne se met pas au dessus. Les médias sont là pour elle mais du coup c’est nous qu’ils viennent voir, puisqu’on est tous sur le même chemin.

Parfois ça en gène certains de voir une tête qui dépasse, qui prend la lumière. Est-ce différent là ?

En France, nous ne sommes pas confrontés à ça, nous essayons vraiment d’être décentralisés et horizontaux, c’est-à-dire qu’on n’a pas de porte-paroles du tout. On fait très attention à faire en sorte que tout le monde apparaisse dans les médias, et ne pas voir émerger une figure médiatique forte qui soit associée à la lutte. Sans ça, on a l’impression que les gens suivent quelqu’un, plutôt que des convictions. Il n’y a pas vraiment de problème que Greta soit là, puisqu’elle n’a pas d’influence sur notre mouvement. Elle fait partie de l’inter-organisation pour les actions mondiales, mais c’est tout. On est totalement indépendants.

Quelle influence a le fait qu’une personne comme Greta Thunberg, devenue un symbole comme vous l’avez dit, prenne la parole devant des députés et députées à l’Assemblée nationale française ?

C’est un événement parce qu’elle n’est pas française et je pense que ça apporte une vision globale : que l’écologie ce n’est pas juste un problème de Français, d’Allemands, de Suédois… On doit se coordonner et travailler tous ensemble pour établir une politique globale. Elle montre aussi qu’elle est là et nous soutient, même si on n’est pas dans son pays, et qu’on est tous ensemble dans le même combat.

Ça fera bientôt un an que cette figure a émergé et elle est désormais critiquée par certains courants, souvent conservateurs. Quel regard portez-vous sur ce « revers de la médaille » ?

Nous nous sommes aussi retrouvés devant des vidéos insinuant que Greta ne savait pas répondre quand on lui posait des questions sur le réchauffement climatique… Mais ça n’a que très peu d’importance parce que derrière, tous les jeunes mobilisés ont leurs convictions et ils les portent. Et même si Greta n’était qu’une poupée que ses parents ou des organisations utilisaient, ça ne changerait rien à tout ce qu’il y a derrière.

Le « succès » de Greta Thunberg est-il, en partie au moins, décorrélé du succès de vos actions sur le terrain ?

Oui ! Greta a surtout incarné, par sa parole et ses actions, ce qui se passe dans tous les pays européens, et même mondialement. Les médias ont souvent besoin d’une figure à suivre, pour comprendre. Elle nous apporte cette incarnation de la parole de tous, et de notre volonté de changement. Je ne pense pas qu’il y ait vraiment de lien parce qu’en France on a vraiment réussi à mobiliser en local sans avoir de figure. Ce n’est pas forcément le cas dans d’autres pays, comme en Allemagne, où Luisa Neubauer fait office de visage. Etant donné que c’est sa parole qui est relayée et que c’est elle qui impulse la lutte, forcément s’il y a un problème, derrière il y a une chute du nombre de mobilisés. De notre côté nous sommes vraiment organisés localement, tout le monde a sa place. Il n’y a pas du tout ce principe de pyramide qui fait que si en haut ça ne va pas, en bas ça ne va pas non plus.

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