13 militaires morts au Mali : que diable la France fait-elle dans cette galère ?


Or et uranium : les deux mamelles du Mali


Suite au décès de treize militaires français au Mali, la présence française dans le pays est de plus en plus contestée : les Maliens ne veulent plus être occupés ni pillés et exigent le retrait des troupes occidentales. Quelles sont les vraies raisons qui motive le gouvernement français à maintenir l’armée française dans la région ? De quel genre de richesses regorge ce continent, et qui attise tant l’appétit des multinationales ?

En 2013, Le gouvernement français s’est lancé dans une « intervention » militaire unilatérale  au Mali, avec comme excuse de stopper l’avancée de groupes terroristes ayant pris le contrôle de plus des deux tiers de la région nord du pays. C’est au total 750 militaires français (bientôt 2.500) qui ont été mobilisés à la suite d’une demande de renforts et de formations de la part du gouvernement malien. Mais pourquoi la France a t-elle répondu favorablement à cette sollicitation ? Et pourquoi a t-elle agit seule ?

Le Mali n’est plus une colonie française depuis 1960, mais elle représente toujours une région stratégique pour l’hexagone. En effet, ce pays est au sens propre comme au figuré « une mine d’or », mais pas seulement. Elle regorge d’une énorme richesse pétrolière et gazière non-exploitée située principalement dans ses régions du nord jusqu’à la frontière avec la Mauritanie et l’Algérie. La France, le Qatar et l’Algérie détiennent des droits d’exploration des deux côtés de la frontière. De plus, les entreprises françaises ont également d’autres intérêts financiers considérables en Algérie et au Maroc. Il est donc bien dans l’intérêt économique de tous ces pays de diminuer l’influence des terroristes dans la région.

« ​La France est intervenue militairement à près de quarante reprises sur le sol africain durant les cinquante dernières années et une vingtaine de fois entre 1981 et 1995 sous les deux septennats  de François Mitterrand. Certaines de ces opérations n’ont duré que quelques jours, d’autres ont donné lieu à des déploiements beaucoup plus longs (opérations Manta et Epervier au Tchad, par exemple)​ »

Du Tchad à l’Irak: les interventions extérieures de l’armée française depuis 1981, vie-publique.fr, 25 septembre 2014.

“​L’avare ne possède pas son or, c’est son or qui le possède​.” Bion de Borysthène

Rappelons que le Mali détient le sol le plus riche d’Afrique. Il est le troisième producteur d’or du continent, et ce depuis plus d’un demi millénaire, et pourtant il est l’un des pays les plus pauvres au monde.

Le pays possède sept mines d’or principales en exploitation, mais la population n’en a jamais vu les fruits. En effet, le bénéfice de cette chasse à l’or ne profite en rien aux populations locales qui souffrent de graves pénuries d’eau en été, d’un manque d’éducation, de formations, d’emplois, etc. En 2014 par exemple, seul un milliard de francs CFA (environ 1.524.490 €) a été attribué aux villages entourant les mines d’or, alors que le bénéfice total s’élevait à 863 milliards de francs CFA. C’est ce que l’on appelle purement et simplement un vol.

Ces mines d’or sont gérées par une mafia locale servant les intérêts de grandes multinationales, soutenues par la Banque Mondiale. Cette dernière a imposé à certains États africains des Programmes d’Ajustement Structure (PAS) en échange de prêts. Le Mali, endetté, n’a pas eu d’autres choix que de s’y soumettre. En effet, en 1995, ce sont 35 pays africains, dont le Mali, qui ont dû réformer leur Code Minier sous la pression de la Banque Mondiale, car selon elle les États africains, trop pauvres, n’étaient pas en mesure de gérer leurs réserves d’or. Il leur fallait le « soutien » des multinationales. Au Mali, il y a donc trois multinationales britanniques qui « aident » le Mali à gérer l’or du pays: Anglogold Ashanti, Rangold et Iamgold.

« ​Nous ne devons pas en vouloir aux sociétés minières, mais au gouvernement et surtout à nos élus, qui ne défendent pas comme il se doit les intérêts communautaires » ​affirme un universitaire de la région de Kayes.

Le Mali, troisième producteur d’or africain


Une autre source de richesse que le Mali possède en abondance est l’uranium. Dans la région de Falea, on compte une superficie de 150 km² avec un potentiel uranifère de 5.000 tonnes. Un Eldorado pour l’industrie nucléaire civile et militaire des puissances atomiques.

Pastilles d’Uranium. Le Mali en regorge, pour son malheur.

Le sol malien regorge également de diamants, pierres précieuses, minerai de fer et manganèse. Il jouit par ailleurs d’un important potentiel pétrolier qui a été inventorié depuis les années 1970. D’ailleurs, le Mali pourrait servir de pont stratégique pour l’exploitation pétrolière et gazière subsaharienne de l’Algérie jusqu’à l’Europe.

Le sociologue Saïd Bouamama a déclaré :

« La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète. La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines​ ».


En revanche, dans les médias, on persiste à faire croire que le seul but de la présence française au Mali, concerne le « bien-être » et la « sécurité » de la population. On ne parle jamais des innombrables richesses enfouies dans les sols arides de ce pays et dont le contrôle est un enjeu géopolitique majeur.

« ​Parce qu’il n’a pas les moyens techniques d’extraire son or et que la Banque Mondiale en a décidé ainsi, l’État malien n’est qu’un actionnaire minoritaire des entreprises exploitantes présentes sur son sol​ »

(Extrait d’un rapport d’enquête de 2007 de la Fédération des Droits de l’Homme).

Ainsi on comprend mieux pourquoi les premiers détenteurs d’or au monde sont la première puissance militaire mondiale : les États-unis (la France arrive en cinquième position).

Les États-unis sont les 1èrs détenteurs d’or au monde, la France se positionne à la 5ème place

« ​Qui veut contrôler le monde doit contrôler le pétrole, le gaz et les minerais stratégiques dont l’uranium, et ce, pour trois raisons : d’immenses profits; empêcher qu’une nation pétrolière du  tiers-monde profite de ces ressources pour devenir une puissance forte, indépendante et capable de fédérer sa région dans la résistance; contrôler le robinet des hydrocarbure permet d’exercer  une pression, discrète mais stratégique, sur l’approvisionnement énergétique des rivaux​ »

Michel Collon – Extrait du livre « Les 100 pires citations des USA »

Terroriser pour mieux régner

Pour contrôler les richesses du monde, tous les coups sont permis, et ça, les dirigeants des États-Unis et de ses alliés l’ont bien compris. Soutenir les pires dictateurs et créer de la criminalité organisée, autrement dit du terrorisme, font partie des stratégies acceptables. « Eau trouble, bonne pêche ! » dit le dicton. Cela s’applique également à ces régions où promouvoir le chaos est bien souvent une façon de justifier une intervention « humanitaire » et, en sous-main, de se servir et pomper les ressources du pays.

Si l’on fait un point sur la présence terroriste dans le monde, que ce soit autrefois Al Qaïda ou Daesh aujourd’hui, on remarque qu’ils occupent, « comme par hasard », les régions du Moyen Orient riches en ressources naturelles, comme le pétrole, le gaz et les minerais. On se souvient que les Talibans ont été financés par les Etats-Unis afin de freiner les velléités expansionnistes de l’Union Soviétique en Afghanistan. Ainsi, éparpiller stratégiquement des groupes terroristes dans les régions riches est un excellent moyen pour créer une zone d’exclusivité. La peur et la criminalité exercées par les extrémistes religieux terrorisent les populations locales qui fuient ces régions, comme ce fût le cas par exemple en Irak. On légitime alors les interventions militaires des grandes puissances, qui, sans scrupules, vont ruiner ces zones, et s’accaparer ainsi leurs richesses.

C’est ce que l’on appelle la stratégie du chaos. Et c’est ce schéma qui semble se dérouler actuellement au Mali.

La contestation malienne

Vendredi dernier, ce sont environ 5.000 maliens qui ont manifesté dans les rues pour soutenir l’armée nationale, contre les attaques perpétrées par les terroristes, causant la perte de plusieurs centaines de soldats. Ils exigent plus de moyens pour faire face à ces attaques.

«Nous demandons le départ des troupes de l’Onu et de la France. Si elles ne peuvent pas intervenir contre les terroristes, elle n’ont pas leur place ici. Nous demandons aux Russes de venir​», a déclaré un des manifestant.

Ce n’est en tout cas pas l’avis de Valérie Pécresse, par exemple, qui déclaré il y a quelques heures que la France devait rester au Mali.


Les Maliens sont de plus en plus hostiles à l’encontre des forces armées françaises et ont demandé à Macron de cesser de s’intéresser aux richesses de leur pays. Le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a quant à lui demandé à son peuple de ne pas « mordre la main » de ceux  qui leur sont venus en aide.

Tout un symbole…

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tcedx303
4 années il y a

Afin de rajouter des informations au présent article, il faudrait prendre en considération cet extrait du blog de Bernard Lugan concernant la présence militaire au Mali: http://bernardlugan.blogspot.com/2019/11/operation-barkhane-une-mise-au-point.html .

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