Twitter aurait décidé de bloquer une campagne du ministère de l’Intérieur incitant les Français à voter aux européennes. Selon le gouvernement, le réseau social estime qu’elle risquerait d’enfreindre la loi française contre les fausses nouvelles.
La campagne numérique du ministère de l’Intérieur appelant les Français à s’inscrire sur les listes électorales dans le cadre des prochaines élections européennes des 25 et 26 mai prochaine a du plomb dans l’aile. Comme le rapporte l’AFP, le Service d’information du gouvernement (SIG), en charge de piloter la campagne intitulée «#Ouijevote», n’a pas pu publier des tweets sponsorisés comme elle l’escomptait. Selon le gouvernement, Twitter a estimé qu’une telle campagne risquait d’enfreindre la loi française contre les fausses nouvelles.
Ce n’est pas que la loi se retourne contre nous, c’est un hébergeur qui ne s’y conforme pas
La loi «relative à la manipulation de l’information», voulue par Emmanuel Macron et adoptée par le Parlement à l’automne dernier, impose notamment aux principales plateformes numériques (Google, Facebook, Twitter…) de fournir les informations sur les publicités politiques qu’elles diffusent contre rémunération sur leur site, afin d’éviter des manipulations et ingérences électorales.
«Twitter ne sait pas faire ça aujourd’hui, et a donc décidé d’avoir une politique complètement jusqu’au-boutiste qui est de couper toute campagne dite de nature politique», regrette la direction du SIG.
Or si cette politique peut se justifier pour des campagnes partisanes, la campagne bloquée depuis une dizaine de jours «est une campagne d’incitation à l’inscription au vote, c’est une campagne d’information publique, ce n’est pas une campagne politique ou d’un parti», souligne l’organe dépendant de Matignon.
«Ce n’est pas que la loi se retourne contre nous, c’est un hébergeur qui ne s’y conforme pas. C’est selon nous un baroud d’honneur de leur part pour pouvoir remettre sur la table une discussion visant à aménager des dispositifs» prévus par la loi, estime-t-on encore côté gouvernemental. Selon la loi française, les hébergeurs doivent notamment rendre public le montant payé pour des messages électoraux, et mettre à disposition des électeurs un registre en ligne contenant les informations sur l’identité des promoteurs de ces publicités électorales.