Le nouvel entrepôt à 21 millions de dollars d’Amazon, implanté à Tijuana, au Mexique, jouxte un bidonville. Perçue comme le symbole parfait des inégalités engendrées par le capitalisme, la photographie des lieux a suscité un tollé sur la toile.
On ne compte plus les polémiques déclenchées par la société Amazon. Décriée pour ses méthodes, la firme américaine va encore faire parler d’elle avec les clichés pris par le photographe mexicain, Omar Martinez. Sur ces photos, on aperçoit en effet un gigantesque entrepôt flambant neuf du géant états-unien au beau milieu d’un bidonville. Outre ce qu’elle symbolise, l’image rappelle aussi les méthodes peu scrupuleuses de l’entreprise de Jeff Bezos.
La frontière à 5 kilomètres
L’entrepot se situe tout proche de la frontière américaine, à peine 5 kilomètres dans un quartier de Tijuana de très mauvaise réputation. « C’est un endroit compliqué pour prendre des photos. Je les ai prises un peu de loin. C’est compliqué car il y a beaucoup d’insécurité, c’est un endroit très marginalisé et dangereux » explique le photographe à la BBC. En plus de l’insécurité, c’est également évidemment la pauvreté qui gangrène les lieux. Les frêles habitations faite de cartons et de morceaux de planches sont là pour en témoigner.
Un emplacement très rentable
Ce cadre de désolation n’a pourtant pas empêché l’entreprise de dépenser 21 millions de dollars pour mettre en place un entrepôt flambant neuf. Et pour cause, l’emplacement du site parait idéal. Il permettra d’abord de se développer sur le marché mexicain, mais surtout de bénéficier d’une main d’œuvre bien moins chère qu’aux États-Unis.
Des conditions de travail pénibles
Amazon a pourtant bien assuré que les salariés locaux seront payés au même salaire minimum qu’en Californie, soit 15 dollars de l’heure. Pour autant, l’entreprise se garde bien de rappeler que deux tiers de sa main d’œuvre au Mexique est gérée par des sous-traitants externes qui n’hésitent pas rémunérer des travailleurs entre 2 et 4 dollars de l’heure. Il est par ailleurs bien plus facile de mettre les employés sous pression au Mexique et de les faire travailler dur.
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Amazon déjà épinglé au Mexique
La façon dont Amazon traite ses employés mexicains a d’ailleurs déjà été dénoncée à plusieurs reprises par de nombreux médias. Beaucoup d’entre eux ont par exemple été contraints de travailler plus de dix heures par jour, et même de sortir du cadre légal. D’autres salariés avaient été forcés de démissionner ou avaient été licenciés pour avoir contracté le covid-19. Aucun des entrepôts mexicains d’Amazon ne dispose d’ailleurs de syndicats pour défendre les travailleurs.
These photos of a new Amazon warehouse in Tijuana, Mexico have been going viral as the « This is capitalism » picture of the year. But there’s a lot more going on here than the picture can tell you. Let’s trace the Amazon supply chain! A thread:👇 1/ pic.twitter.com/XDNC5XkvgV
— Charmaine Chua (@CharmaineSChua) September 7, 2021
Contourner la guerre commerciale avec la Chine
Par ailleurs, la proximité avec le port de Los Angeles, ville dans laquelle transitent pas moins de 40% des marchandises américaines importées, est un réel avantage. Se positionner au Mexique permet, en sus, à Amazon de faire face à la guerre commerciale qui oppose les USA à la Chine. En effet, les deux pays ont considérablement compliqué leur commerce direct en s’imposant mutuellement des droits de douanes plus élevés. Pour contourner cette difficulté, Amazon profite d’un traité de libre échange signé avec le Mexique. La société importe d’abord des marchandises chinoises au Mexique, puis les fait passer aux États-Unis, avec à la clef des millions d’économie.
Amazon détruit l’emploi
Pour se défendre, l’entreprise a une nouvelle fois sorti la même rengaine : Amazon crée de l’emploi, Amazon va dynamiser la région, Amazon va sortir les gens de la pauvreté… L’occasion de rappeler une nouvelle fois que ce ne sont pas les riches qui créent l’emploi mais les consommateurs. Par ailleurs, selon plusieurs études, pour chaque emploi créé, Amazon détruirait jusqu’à 4 postes dans le commerce de proximité.
Et tandis que Jeff Bezos, à la tête d’une fortune de plus de 200 milliards de dollars, se paie des voyage dans l’espace, on ne peut que songer à cette moitié de l’humanité, qui, elle, vit avec seulement deux dollars par jour. Le véritable visage du capitalisme outrancier.
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