Sur les réseaux sociaux, les victimes de viol et d’amnésie traumatique réclament plus de protection

Sous les hashtags #AmnésieTraumatique, et #StopPrescription, une campagne se lance sur les réseaux sociaux pour rendre les crimes sexuels commis sur mineurs imprescriptibles.

« Sarah, violée à 15 ans, 11 d’amnésie, 30 ans de silence ». C’est ce type de post que l’on peut maintenant trouver sous les hashtags #AmnésieTraumatique, et #StopPrescription sur les réseaux sociaux. De nombreuses victimes de viols et de violences sexuelles, célébrités ou anonymes, prennent la parole pour dénoncer l’impossibilité que justice soit rendue face aux crimes qu’elles ont subi. Par cette action, les victimes souhaitent obtenir l’imprescriptibilité des crimes sexuels et l’entrée dans la loi de l’amnésie traumatique.

De nombreuses victimes témoignent

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses victimes de violences sexuelles font part de leur propre expérience, en indiquant leur prénom, leur âge au moment de l’agression, et le nombre d’années d’amnésie traumatique.  C’est le cas de la patineuse artistique Sarah Abitbol, qui accuse son ancien entraîneur de viols à répétition. La sportive de haut niveau, victime de cette amnésie traumatique, a vu sa plainte contre son agresseur refusée, car elle n’est actuellement plus recevable compte tenu du délai de prescription.

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Qu’est-ce que l’amnésie traumatique ?

L’amnésie traumatique se définit par l’incapacité de se souvenir en totalité ou en partie d’un événement traumatisant. Cette incapacité est liée à des mécanismes psycho-traumatiques dissociatifs. C’est le stress extrême lié au traumatisme en question qui provoque cet état d’amnésie. Plusieurs études montrent que les traumatismes subis pendant la petite enfance ont une répercussion à l’âge adulte. En France, l’enquête « Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte » a été menée en 2015 sur près de 1214 victimes de violences sexuelles. 95% d’entre elles ont déclaré subir des conséquences sur leur santé mentale, et 69% sur leur santé physique.

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Une défaillance judiciaire qui profite aux agresseurs

Cet état d’amnésie cause problème aux victimes qui souhaitent obtenir réparation. En effet, il existe actuellement un délai de prescription de 20 ans concernant les viols de personnes majeures et de 30 ans pour les mineurs. Le bémol, c’est que les victimes pour qui le traumatisme aurait refait surface « trop tard », ne peuvent tout simplement pas porter plainte contre leur agresseur. C’est le cas de Sarah Abitbol, qui s’est exprimée sur Franceinfo : « On a trois cas de femmes qui ont vécu la même chose que moi, malheureusement, du même agresseur. Nous avons prescription. Cet homme est toujours dehors, donc il peut encore nuire. Et ça, ça n’est pas normal. Ça ne doit pas exister ».

Des crimes rendus imprescriptibles, et après ?

D’après les études menées par la psychiatre Muriel Salmona, présidente de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie, les amnésies traumatiques devraient être reconnues comme des obstacles insurmontables qui entraîneraient une suspension du délai de prescription. Si les associations engagées dans cette action obtiennent gain de cause, il ne faut pas oublier que le combat ne s’arrête pas là. En effet, en plus d’être actuellement en liberté, de nombreux pédophiles se voient condamnés à des peines ridicules. Faut-il suivre l’exemple de la Colombie qui s’apprête à emprisonner à vie les violeurs d’enfants ? Voici une piste, qui mérite réflexion.

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