Soutien à Julian Assange : les organisations journalistiques en première ligne, les médias grand public se taisent !


La différence entre journalisme et BFM TV


À l’approche des dernières audiences sur la potentielle extradition de Julian Assange vers les États-Unis, des organisations emblématiques du monde journalistique souhaitent sensibiliser le grand public sur l’urgence de la situation. À l’origine des plus grandes fuites du 21e siècle, le fondateur de WikiLeaks encourt jusqu’à 175 années d’emprisonnement sur le sol américain. Que ce soit au Royaume-Uni comme en France, les principaux médias ne s’intéressent pas à l’affaire. Aujourd’hui enfermé dans des conditions difficiles dans la prison de haute sécurité de Belmarsh près de Londres, ces prochains jours s’annoncent pourtant décisifs. 

Soutien du Syndicat National des Journalistes (SNJ) et appel à manifester

En première ligne pour défendre le sort de Julian Assange en France, le Syndicat National des Journalistes, première organisation syndicale de la profession, a expliqué avoir alerté l’Elysée à deux reprises sur la question, « sans réponse concrète à ce jour ». Il y a quelques jours, le syndicat a publié un communiqué dans lequel nous pouvons lire : « Rassemblons nos forces pour défendre la liberté d’informer à travers le monde ! Ensemble, exigeons la liberté de Julian Assange. »

Appel à manifester le 24 février prochain devant sa prison de Belmarsh en Angleterre

https://www.legrandsoir.info/mobilisons-nous-pour-le-24-fevrier-julian-assange-emprisonne-et-menace-d-extradition-agissons-pour-defendre-la-liberte-d.html

« Un déplacement historique au Royaume-Uni est organisé le 24 février 2020 pour s’opposer à son extradition sur le territoire américain », informe encore le syndicat en référence à une opération de citoyens français qui s’organise sur le groupe Facebook « Assange, l’ultime Combat ». Cette opération est prévue ce jour-là devant la prison de haute sécurité de Belmarsh, où Julian Assange est actuellement enfermé. « Le SNJ […] appelle ses adhérents à informer les citoyens, par tous les moyens, de l’urgence de la situation qui touche notre confrère australien », souligne le texte.

Pour l’heure, ces deux appels à la mobilisation ne reçoivent pas d’écho médiatique. Un manque d’engagement de la profession que dénoncent les citoyens sensibles au dossier, en France comme au Royaume-Uni. Bryan, un Anglais, se confiait au micro de RT France lors d’une précédente manifestation devant la prison : « Je sais qu’il y a des journalistes courageux au Royaume-Uni, mais pour la plupart, il semble qu’ils se cachent sous leur bureau par peur de soulever la question. »

Julian Assange meurt à petit feu en ce moment dans l’indifférence générale

Soutien et pétition de l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF)

L’ONG Reporters Sans Frontières a, quant à elle, lancé le 14 février, une pétition pour s’opposer à l’extradition vers le sol américain du ressortissant australien. « Le recours à « l’Espionage Act » par l’administration Trump pourrait entraîner la condamnation de Julian Assange à 175 ans de prison. Cette procédure marque un dangereux précédent pour tous les journalistes ayant publié des informations classifiées d’intérêt général » explique le communiqué accompagnant la pétition en ligne.

Cette pétition a pour l’heure recueilli un peu plus de 10.000 signatures. Elle est accessible via le lien ci-après :

https://rsf.org/fr/free-assange?fbclid=IwAR2RUBHrpYVqdZarcx3VuQFvc_b_M7l9v5riBqpMf3qkAuToJHOvBNusGdQ

« Qu’on aime ou pas Julian Assange, le défendre aujourd’hui est crucial pour assurer l’avenir du journalisme. […] Le sort de Julian Assange nous concerne tous. Sur la base de « l’Espionage Act », il est poursuivi pour sa contribution au journalisme, pour avoir permis la révélation par des médias d’informations essentielles sur les guerres américaines au Moyen-Orient. Défendre Julian Assange est crucial pour l’avenir des journalistes qui enquêtent sur les secrets d’Etat », explique, dans une courte vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

Des conditions de détention dénoncées par l’ONU et 60 médecins internationaux

Comme l’explique le SNJ dans un rappel des faits de l’affaire Assange, celui-ci a été visé depuis 2010 par un enchaînement d’« opérations de diffamation », l’ayant notamment placé au cœur d’une affaire de viol sur le territoire suédois, bien que « la principale intéressée ait toujours récusé de telles allégations ». La Suède a définitivement abandonné ses poursuites en novembre dernier.

« Le calvaire juridique du fondateur de WikiLeaks a débuté au mois d’août 2010, au moment précis où, comme le démontrent des documents révélés en 2014 par le lanceur d’alerte Edward Snowden, l’administration Obama venait de solliciter ses pays alliés pour l’ouverture d’enquêtes pénales à l’encontre du fondateur, ainsi que des membres de WikiLeaks qui venait de diffuser quantité de publications compromettantes pour Washington » détaille le syndicat.

Le fondateur de WikiLeaks a ensuite été confiné près de sept années (de 2012 à 2019) dans la petite ambassade de l’Equateur à Londres, après avoir reçu lors de la présidence de Rafael Correa, l’asile politique. Ce statut lui a été retiré, le 11 avril 2019, par l’actuel chef d’État équatorien, Lenín Moreno. Accusé par Londres d’avoir enfreint ses engagements en matière de liberté conditionnelle, Julian Assange est depuis détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, où il a passé une grande partie de son incarcération en isolement, dans des conditions mettant sa vie en danger, comme le relevaient 60 médecins internationaux en novembre 2019. Dénonçant le non-respect des normes onusiennes concernant les périodes d’isolement imposées à Julian Assange, le rapporteur de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, pointe aujourd’hui « les dommages cognitifs et neurologiques » causés au ressortissant australien.

Julian Assange reçoit pourtant de nombreuses récompenses pour son travail

Le travail de Julian Assange lui a valu de nombreuses récompenses par le passé. Par exemple, plusieurs prix de journalisme, comme en 2009, où il fait partie des gagnants dans la catégorie « nouveaux médias » à l’Amnesty International Media Awards. En 2011, il obtient le Prix du journalisme Martha Gellhorn , ainsi que le Prix de la Walkley Foundation for Journalism pour « contribution majeure au journalisme ». Plus récemment, en 2019, il se voit attribuer le Prix du Club des journalistes de Mexico. Et même ce mois-ci, le Consortium international des journalistes d’investigation (ONG américaine aujourd’hui présente dans plus de 70 pays) lui décerne le Prix Gary Webb pour la liberté de la presse.

« En fondant sa société d’édition en 2006, Julian Assange a rendu possibles les fuites les plus massives du 21e siècle, abondamment reprises par les médias internationaux, et notamment par la presse française », rappelle le SNJ. Au média pour Tous nous continuons de défendre la liberté d’expression de Julian Assange et encourageons tous nos lecteurs et suiveurs, à soutenir cette cause, par tous les moyens possibles.

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