Je suis venu à Paris au début du mois de février 2021, et Vincent Lapierre m’a permis d’avoir deux échanges, à la fois animés et instructifs, avec des gens que j’aime bien et avec qui pourtant je ne suis pas d’accord du tout sur ce point précis de l’analyse de ce qu’on appelle « la crise sanitaire » (que je considère beaucoup plus comme une bascule totalitaire) : un échange avec Jordanix, et un autre avec Jean Bricmont (dont je parlerai dans le billet suivant).
La première de ces rencontres à avoir été publiée est celle avec Jordanix (voir sa chaîne Youtube).
Je trouve que cet échange représente assez bien quelques facettes du clivage incroyable qui est en train de se creuser dans nos sociétés humaines, et particulièrement en France, entre des millions de simples citoyens à la fois non scientifiques et directement concernés par « les mesures prises au nom de la science » : ceux qui ont peur de perdre leur santé ou même leur vie, et ceux qui ont peur de perdre leurs libertés et même de basculer vers une tyrannie.
Il me semble, depuis le début, que nous devrions nous parler de nos peurs respectives (toutes sont légitimes, au départ, par principe) en les évaluant toutes, avec une bienveillance mutuelle, pour trier celles qui sont bien fondées et celles qui sont mal fondées. Ceux qui traitent leurs contradicteurs d’incompétents ou de paranoïaques ont peu de chance de progresser, à mon avis : c’est mal connaître sa propre cause que d’ignorer celle de ses contradicteurs. Nous avons besoin de comprendre en profondeur pourquoi nos contradicteurs pensent ce qu’ils pensent, et cette compréhension ne peut advenir que par une discussion franche, loyale et respectueuse. Et le fait de ne pas arriver à tomber d’accord ne doit pas nous décourager. Nous devons construire ensemble nos désaccords, pour éviter que ceux-ci ne s’hypertrophient par malentendus successifs et cumulatifs au point de nous jeter dans une détestation mutuelle insensée.
C’est l’échange avec Jordanix (plus que celui avec Viktor) qui est particulièrement commenté en-dessous de la vidéo sur Youtube.
À propos des commentaires, je voudrais dire ici que je désapprouve et condamne formellement les commentaires méprisants et insultants : c’est un bien mauvais service à rendre à la cause de la vérité que d’accabler violemment ceux dont on estime qu’ils se trompent. Je vous en supplie : IL FAUT DÉDIABOLISER L’ERREUR ! Arrêtez (de part et d’autre) de faire de l’erreur un crime impardonnable, une tache indélébile, un stigmate infamant… c’est absurde : on ne progresse que grâce aux erreurs (des siennes propres et de celles des autres), celui qui trébuche montre aux autres le chemin. C’est régressif de devenir malveillant contre celui qui se trompe. Je fais des efforts permanents pour rester bienveillant dans mes débats avec des gens avec qui je suis pourtant en profond désaccord, parce que je considère que LE RESPECT RÉCIPROQUE EST LA CONDITION PREMIÈRE D’UN DÉBAT DIGNE DE CE NOM, et je découvre ensuite des commentateurs qui ne font, eux, aucun effort ni de respect ni de bienveillance compréhensive et qui déchaînent leur ressentiment… Je suis très attristé (et même un peu désespéré, je l’avoue) par ceux qui pensent me « défendre » en étant aussi violents et insultants avec mes interlocuteurs : sans s’en rendre compte (j’espère), il me compliquent terriblement la tâche, et pas seulement conjoncturellement, fondamentalement aussi : c’est incohérent de se dire démocrate et d’être en fait aussi méprisant de ses adversaires.
Je voudrais dire aussi un mot à propos de ceux qui me reprochent de prendre la parole sur la prétendue « crise sanitaire », en prétendant que je suis incompétent et que je ferais donc mieux de me taire, en déplorant que je « discrédite ainsi tout mon travail sur la démocratie » (domaines où je serais soi-disant compétent et donc légitime à m’exprimer »…