PSG-Basaksehir : les proportions gigantesques d’une histoire banale

Ce mardi, un match de football de ligue des champions entre Paris et Istanbul a été stoppé après des propos prétendument racistes du quatrième arbitre. Une affaire rocambolesque qui a pris une dimension mondiale et qui symbolise parfaitement les dérives de notre société occidentale.

Est-il raciste de dire d’un noir qu’il est noir ? À en croire cette affaire, il semblerait bien que oui. C’est en tout cas ce sur quoi semble s’accorder une bonne partie des instances du football dans le sillage de l’indignation du footballeur franco-sénégalais, Demba Ba. Et pourtant, toute cette histoire semble partir d’un malentendu…

Comment a débuté cette affaire ?

Tout commence après un tacle appuyé d’un joueur parisien sur un stambouliote. Sur le banc turc, le camerounais Pierre Achille Webo invective le corps arbitral, réclamant une lourde sanction. Agacé par le comportement du membre du staff, l’arbitre central, roumain de nationalité, demande au quatrième arbitre qui est la cause de ce remue-ménage. L’assistant répond alors : « (C’est) le Noir ici. Va voir et identifie le. Ce gars, le Noir ». Dans la foulée, Webo est expulsé.

En roumain, noir se dit « negru »

Seulement en roumain, noir se dit « negru ». Problème, l’ancien international camerounais croit entendre « négro ». Celui-ci perd alors légitimement son sang froid et interpelle le corps arbitral en criant à plusieurs reprises (en anglais) « Pourquoi il a dit négro » ? Après plusieurs minutes d’explications, la tension redescend et Webo finit par rentrer aux vestiaires. L’histoire aurait pu en rester là.

Demba Ba s’en mêle

Seulement, l’attaquant franco-sénégalais remplaçant d’Istanbul, Demba Ba, ne compte pas laisser couler. Fervent militant anti-raciste, il apostrophe l’arbitre en lui demandant : « En parlant d’un joueur blanc, vous dites « ce gars » et pas « le gars blanc ». Donc pourquoi vous dites « le gars noir » pour parler d’un joueur noir ? ».

Match arrêté, une première

Ba poursuit son action en demandant à des coéquipiers de quitter le terrain, ce qu’ils acceptent. Emmenée par ses stars M’Bappé et Neymar, l’équipe du PSG en fait autant, assurant qu’ils ne reprendront pas le match tant que le quatrième arbitre sera présent. La partie sera finalement reportée au lendemain (et remportée 5-1 par le PSG).

Demba Ba, face à ses propres contradictions

Si Demba Ba a effectivement été victime par le passé de réelles insultes racistes, qu’il faut évidemment condamner, on peut tout de même s’interroger sur le fond de cette affaire. Certains internautes n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler un précédent tweet de l’ancien joueur de Chelsea.

Le franco-sénégalais dénonçait (à raison) des médecins prônant des essais sur les africains contre la covid-19 ; cependant une partie de son intervention peut interpeller. Si désigner quelqu’un par sa couleur de peau est devenu quelque chose de raciste, alors pourquoi Demba Ba le fait-il pour les blancs ? La généralisation dont il fait preuve dans ce tweet pose également plus que question…

Les médias s’emballent

Malgré tout, l’engouement médiatique pour cette affaire prend une tournure ahurissante. L’ensemble de la presse de masse salue ainsi une action « historique ». Eurosport évoque « un héros », Ouest France salue « la voix qui s’est élevée contre le racisme » So Foot parle d’un « grand pas pour l’humanité ». On est pourtant loin de Jesse Owens qui concourut face aux nazis, ou du poing levé des JO de 68. L’histoire prend une proportion telle que même les gouvernements français et roumains ont condamné les paroles de l’arbitre. Celui-ci s’est d’ailleurs excusé pour ses propos :

« Le racisme n’était pas mon intention. Dans un tel environnement, les gens ne peuvent parfois exprimer leurs impressions correctement et peuvent être mal compris. Je tiens à m’excuser au nom de la Ligue des Champions. »

Un monde où tout offense tout le monde

Si les paroles de l’arbitre peuvent tout à fait être qualifiées de maladroites, voire de peu professionnelles, l’accusation de racisme parait cependant bien hâtive. Dire de quelqu’un qu’il est noir relève simplement d’une description physique. Se serait-on indigné de la même manière si l’arbitre avait désigné un grand blond ou un petit costaud ? À force de voir du racisme et de la haine partout, ne finit-on pas au final par diviser encore plus les gens entre eux ?

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