Derrière le plan de relance présenté par Jean Castex se cachent encore les mêmes grosses ficelles : cadeaux aux plus riches, capitalisme vert, destruction de notre modèle social…
Jean Castex fanfaronnait encore aujourd’hui devant les médias, décrivant « le plan de relance le plus massif à ce jour parmi les grands pays européens ». Mais comme souvent avec la Macronie, la réalité se trouve bien loin des coups de communication. En y regardant de plus près, on s’aperçoit en effet que ce plan de relance n’est en réalité que la poursuite de la politique menée depuis le début du quinquennat, en faveur des plus aisées et à l’encontre des classes populaires et de la planète.
Un nouveau cadeau aux plus riches
Le plus frappant dans ce plan, est sans doute à quel point la Macronie répète encore et encore les mêmes procédés éculés qui ont déjà fait montre de leur inefficacité. Les entreprises se verront donc une nouvelle fois attribuer 20 milliards d’euros. Si l’idée de vouloir aider les compagnies les plus en difficulté n’a rien de condamnable en soi, on peut néanmoins s’interroger sur la pertinence d’aider des multinationales qui croulent déjà sous les milliards.
Au bon vouloir des riches
En effet, la réforme devrait essentiellement profiter aux 250 plus grosses firmes du pays. Mais le pire réside sans doute dans le fait que ces aides seront une nouvelle fois non contraignantes. En d’autres termes, les entreprises pourront toucher des millions sans avoir aucune obligation d’embaucher ni d’opérer une transition écologique. Bruno Le Maire s’est simplement contenté de déclarer : « Nous attendons des entreprises qu’elles jouent le jeu du plan de relance. »
Le gouvernement se moque-t-il de nous ?
On se souvient pourtant qu’avec le CICE, qui fonctionnait de la même manière, certaines entreprises n’ont non seulement pas embauché, mais elles n’ont pas non plus hésité à licencier ! Partant de cette expérience, soit le gouvernement fait preuve d’une extrême naïveté, soit il fait bel et bien un énorme cadeau aux plus riches. Dans tous les cas, il s’agit d’un véritable affront pour les classes populaires. D’autant que le plan anti-pauvreté ne récoltera lui que 200 malheureux millions.
Et l’emploi, alors ?
Au rayon de l’insulte à notre intelligence, le premier ministre en a par ailleurs rajouté une couche à propos du chômage. Jean Castex a en effet assuré que le gouvernement espérait pas moins de 160.000 emplois créés grâce à ce plan. Seulement, depuis le début de la crise, la France a perdu près de 600.000 postes… La situation ne risque d’ailleurs pas de s’améliorer tant le gouvernement refuse le partage du temps de travail. On peut aussi se demander combien d’emplois dans le service public l’État aurait pu créer lui-même avec l’argent qu’il laisse filer aux riches…
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Vous reprendrez bien un peu de capitalisme vert ?
Pour se faire un peu de publicité gratuite, le gouvernement n’a une nouvelle fois pas manqué d’ajouter une touche de vert à son discours. Mais comme d’habitude, la réalité des mesures prises par Emmanuel Macron n’est absolument pas à la hauteur de cet enjeu capital. Greenpeace dénonce ainsi un « plan qui ne permettra pas de changer la donne ». Rien de surprenant tant l’environnement a toujours été un instrument de communication plutôt qu’un souci réel pour cette mandature…
[COMMUNIQUE DE PRESSE ?]#FranceRelance : l’écologie laissée en plan.
Encore une occasion manquée de rompre avec une économie productiviste et fortement carbonée incompatible avec les objectifs fixés par de l’Accord de Paris.
? https://t.co/6wwTkWedvK #PlanDeRelance pic.twitter.com/HOsSqXnWuw
— Greenpeace France (@greenpeacefr) September 3, 2020
La France va-t-elle encore donner plus qu’elle ne reçoit ?
L’autre volet inquiétant de ce plan concerne la provenance des 100 milliards engagés. Le gouvernement n’a cessé de fanfaronner sur 40 milliards qu’il aurait arraché à l’Union Européenne. Selon lui, ceux-ci seraient même financés par des fonds propres, notamment établis par une nouvelle taxe sur les GAFA. Une situation pas si claire pour le député européen Manuel Bompard. Celui-ci dénonce une situation très floue due à des désaccords entre les pays membres. D’après lui, la France va au contraire devoir rembourser cet argent. Pire, elle pourrait même rembourser plus que ce qu’elle a reçu !
Ce qui se profile donc en réalité est un remboursement par les Etats à hauteur de leur contribution au budget de l’#UE. Contribuant à hauteur de 17%, la France devrait dès lors payer 17% des 390 milliards, soit 66 milliards. Pour recevoir 40 milliards. Bravo l’artiste.
— Manuel Bompard (@mbompard) September 3, 2020
L’UE en profitera pour nous étrangler un peu plus
En plus de se faire arnaquer, la France va par ailleurs devoir obéir docilement aux doctrines de la commission européenne. En effet, ces « aides » seront conditionnées à la poursuite des réformes néolibérales déjà engagées. Citons par exemple la réforme des retraites. La destruction lente et programmée de nos services publics devrait suivre. Et une fois de plus, ce seront les classes populaires qui vont trinquer.
Le Média pour Tous
Bruno Le Maire s’est simplement contenté de déclarer : « Nous attendons des entreprises qu’elles jouent le jeu du plan de relance. »
Comme Hollande et le pacte de responsabilité. Sauf que ce dernier a été d’une naïveté coupable, quand Macron est de son côté d’une complaisance plus que notable.
Très bon article.
La triste réalité d’une politique qui se joue des travailleurs, et qui finance encore et toujours le capital. Le prétexte vert n’existe pas. Le plan santé pour les hôpitaux on n’en parle pas. Bref, on est passé à côté du sujet à grand frais …. F.C.