Depuis des décennies, plusieurs formations politiques adoptent la stratégie du « barrage » notamment pour éviter le RN. Mais cette tactique a-t-elle vraiment encore un sens ?
Le 28 juin prochain, de nombreux citoyens seront amenés à se prononcer lors du second tour des élections municipales. Et comme pour chaque scrutin depuis longtemps, certains candidats se sont retirés au profit de présumés adversaires politiques afin de faire barrage au Rassemblement National. Ainsi à Perpignan la candidate EELV a choisi de s’effacer en faveur des Républicains dans le but de battre Louis Alliot, numéro 2 du RN. Peu avant, Romain Grau le candidat LREM avait adopté la même stratégie. Comble du grotesque, la colistière de ce dernier a, quant à elle, décidé de soutenir le RN !
? « Jamais je n’ai eu une décision aussi difficile à prendre »
À Perpignan, la candidate écologiste, Agnès Langevine, retire sa candidature aux municipales pour faire barrage au RN ⤵ pic.twitter.com/0abTfXOJvr
— BFMTV (@BFMTV) May 30, 2020
Rien de neuf sous le soleil
L’idée du « Front Républicain » n’est pas nouvelle. Elle puise son origine au 19ème siècle où les partis défendant la République faisaient fi de leur divergence pour maintenir le régime face aux monarchistes et aux bonapartistes. Des décennies plus tard et deux guerres mondiales passées, la République semble bien installée dans le pays. Pourtant, à partir des années 80, le RN devient l’épouvantail des partis du système afin de pérenniser le bipartisme entre le RPR (aujourd’hui LR) et le PS.
Quand le PS favorisait l’essor du Front National
Dans les années 80, François Mitterand, alors en grande difficulté dans les enquêtes d’opinion, mettra le Front National sur les rails. À l’époque dirigé par Jean-Marie Le Pen, le parti ne pèse pas encore grand-chose. Aux présidentielles de 1981, le père de Marine n’a d’ailleurs même pas réussi à réunir les signatures nécessaires à sa candidature. Alors que certains veulent interdire le mouvement, Mitterand, en grand stratège, en favorise l’essor au nom du pluralisme.
Selon Chirac et Jospin, le FN n’a jamais été fasciste
En réalité, l’idée de Miterrand est plutôt de diviser la droite et faire perdre des voix à ses rivaux du RPR. À l’époque, le FN n’est pas encore autant montré du doigt qu’aujourd’hui. En 1985, Jacques Chirac déclare même « le Pen n’a pas les mêmes idées que moi, mais ce n’est pas un fasciste ». Des années plus tard, Lionel Jospin, figure du PS, tiendra d’ailleurs exactement le même discours
Le FN et l’ultralibéralisme
À cette période, le « front républicain » est encore loin d’être ce qu’il est aujourd’hui. Le RPR affiche même régulièrement des affinités politiques avec le FN de Jean-Marie Le Pen. Dans certains scrutins, on assiste d’ailleurs à des alliances ponctuelles entre les deux partis. Économiquement le FN est même sur une tendance ultra-libérale et se réclame des mêmes modèles qui produiront plus tard des Hollande, Sarkozy ou Macron… On voit ainsi Jean-Marie Le Pen faire l’éloge de Ronald Reagan ou Margaret Thatcher. C’est bien plus tard que le FN, sous l’influence de Florian Philippot, tentera d’afficher un visage plus social afin de grappiller les voix de l’électorat populaire. Un virage de plus en plus contesté au sein du parti, notamment par des personnalités comme Marion Maréchal, qui au contraire appelle à « une union des droites » avec Les Républicains.
Quand le FN devint le parfait outil du système
En 2002, lors du second tour de l’élection présidentielle, la France entière se mobilisa contre ce que les médias et politiques décrivent alors comme le fascisme. Face à Le Pen, l’ensemble du spectre politique met ses idéaux de côté et se range derrière le pourtant très libéral Jacques Chirac. Cet épisode politique reste un véritable tournant dans notre Histoire. À ce moment les partis du système que sont le PS et l’UMP comprennent qu’ils pourront utiliser le RN pour remporter des victoires électorales.
Macron et la stratégie de la victoire par défaut
Avec l’appui des médias, le parti de Marine Le Pen subit un savant mélange de médiatisation et de diabolisation. Partant du principe d’une victoire assurée au deuxième tour contre le candidat RN, le système n’aura alors plus qu’à se hisser au deuxième tour pour l’emporter. Cette méthode a d’ailleurs parfaitement été mise en place par Emmanuel Macron en 2017, devenu le candidat par défaut de l’électeur lambda effrayé par le RN. Aujourd’hui, LREM poursuit d’ailleurs dans cette voie en désignant systématiquement le RN comme son adversaire principal, espérant ainsi imposer à nouveau ce duo pour l’élection de 2022.
Peut-on encore défendre des idées en politique ?
Le problème c’est que, à l’image d’EELV, de nombreux partis annexes valident encore ce front républicain. Dans la quasi-totalité des forces politiques françaises, des personnalités avaient appelé à battre Marine Le Pen en 2017. Mais avec ce prisme permanent du « vote contre » on en arrive même à oublier pour quoi on vote. Car avant d’être le candidat par défaut, présumé le moins mauvais, Emmanuel Macron représente surtout un ultralibéralisme effréné, un danger pour l’environnement et même un autoritarisme latent. Et pendant que l’on fonde tout le processus électif sur des guerres intestines politiciennes, on en oublie même de défendre nos propres idées politiques. Jusqu’au jour où les électeurs finissent par s’en rendre compte : à force de jouer avec le feu, on se brûle.
Le Média pour Tous
Tous les mêmes!
Il ne faut rien attendre d’eux car ils seront toujours inféodés à Bruxelles.. La France ne se relèvera pas tant qu’elle ne mettra pas un Salvini ou un Nigel Farage français au pouvoir.
Les européistes – dont les EELV font partie – quelle que soit leur apparence s’opposeront toujours au Sursaut National d’où qu’il vienne:
En l’état actuel des choses, Macron sera réélu au second tour contre Le Pen (sans doute à 55% et avec un taux de participation très bas)…
Je suis d’origine maghrébine, je voterai RN (comme pas mal de mes concitoyens), se ne sera pas pire que se que nous subissons et se sera un pied de nez à Macron !