Mistral AI, la pépite française de l’intelligence artificielle, était promise comme l’alternative européenne aux géants américains. Problème, elle vient de signer un partenariat avec Microsoft, qui va acheter une petite partie de la start-up. Un exemple symptomatique du gouffre qui nous sépare de la souveraineté numérique.
Ce devait être le grand jour pour la « souveraineté numérique » française. Ce lundi 26 février, Mistral AI, le champion français de l’intelligence artificielle, dévoilait un nouveau modèle de langage, intitulé « Mistral Large », et un assistant conversationnel, « le Chat ». Excellente nouvelle, la start-up annonçait avoir des performances proches de celles de GPT-4, le meilleur modèle de langage à ce jour, développé par la société américaine OpenAI.
En clair, la pépite hexagonale, créée par des anciens de Google et de Méta (ex-Facebook) formés dans les meilleures écoles françaises, semblait tenir sa promesse de devenir un « champion européen à vocation mondiale », pouvant représenter une alternative aux systèmes américains. C’était aussi une très bonne nouvelle pour le gouvernement, qui a poussé pour que l’AI Act, le règlement européen encadrant l’intelligence artificielle, n’empêche pas l’entreprise de se développer.
CAPITAUX AMÉRICAINS
Mais patatras. En parallèle, Mistral AI indiquait avoir passé un partenariat avec le géant américain Microsoft. Concrètement, le modèle Mistral Large sera mis à la disposition des clients via la plateforme Azure AI de la société américaine. Surtout, cette dernière a indiqué à Bloomberg investir 15 millions d’euros dans la start-up française, qui seront convertis plus tard en parts du capital de l’entreprise. En clair, Microsoft achète une petite partie de Mistral AI, valorisé à deux milliards de dollars.
Cela jette un froid sur les possibilités réelles d’une émancipation par rapport aux Gafam américaines. D’autant qu’il y a quelques semaines, lors du dernier tour de financement de Mistral AI – mené par un fonds d’investissement californien – d’autres géants américains de la tech sont déjà entrés au capital de l’entreprise française. Dès lors, comment penser qu’une entreprise détenue en partie par des Américains puisse être considérée comme l’embryon d’une souveraineté numérique française ?
Déjà ça parle d’un truc qui n’existe pas, les « Européens », champion « européen », donc c’est logique que ça termine chez Microsoft.