Manipulation, espionnage américain, menaces… Les révélations explosives de l’ex-chef de l’OIAC


Par RT France

Figure du désarmement chimique à travers le monde, José Bustani a été évincé en 2002 de l’OIAC, qu’il dirigeait depuis sa création. Désormais boycotté par des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, il se livre dans un entretien édifiant.

Nous sommes le 5 octobre 2020, une querelle de procédure éclate au Conseil de sécurité de l’ONU. Celui-ci «a affiché ses divisions [au sujet] des armes chimiques en Syrie», ainsi que le rapporte le jour même un article publié sur le site des Nations unies. Plusieurs membres du Conseil, dont les représentants des Etats-Unis, de la France ou encore du Royaume-Uni, ont en effet refusé la proposition russe de faire intervenir le Brésilien José Bustani, ancien directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), au sujet des conclusions de l’organisme concernant l’attaque chimique présumée d’avril 2018 à Douma (Syrie), pour laquelle tous les regards accusateurs s’étaient immédiatement tournés vers Damas.

Bustani, directeur de l’OIAC depuis sa création en 1997 jusqu’au 21 avril 2002 (date à laquelle il est révoqué lors d’un vote à l’initiative de Washington, un an en amont de l’intervention militaire américaine en Irak), fait partie de ceux qui continuent, aujourd’hui encore, à contester les méthodes ayant abouti à la version finale du rapport susmentionné − publié le 1er mars 2019 − selon lequel du chlore a été utilisé comme arme chimique à Douma le 7 avril 2018. Le 5 octobre, son intervention est donc rejetée au Conseil de sécurité de l’ONU par trois voix pour, six contre et autant d’abstentions.

En pleine séance, la représentante des Etats-Unis affirme par exemple que José Bustani est un interlocuteur «inapproprié et non-qualifié» sur le dossier. Si ce récent épisode est resté relativement méconnu, les enjeux qu’il recouvre ne sont pas des moindres, compte tenu du fait que le rapport de l’OIAC en question serait par la suite utilisé pour justifier une intervention militaire conjointe en Syrie des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France, dans la nuit du 13 au 14 avril 2018, soit six jours après l’attaque de Douma, imputée à l’armée syrienne.

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