À l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron dans la Drôme dans le cadre du grand débat, le chef de l’État a échangé avec le patron des Républicains (LR) Laurent Wauquiez à Valence, invité en tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un tête-à-tête inédit d’une cinquantaine de minutes, contre les trente prévues initialement, qui n’a visiblement pas convaincu M.
Wauquiez, qui a reproché au président de la République son « écoute » tardive. « Si cette écoute avait eu lieu dès le début, on se serait épargné bien des tensions dans le pays », a-t-il déclaré durant le débat, auquel assistaient également une soixante d’élus de la région. « Les problèmes, on les connaît ». « D’abord les retraites » qui sont « trop petites ». Ensuite « l’impôt est injuste car il repose au milieu » (sur les classes moyennes, NDLR). Troisièmement, « nos territoires ont le sentiment de n’être ni aidés, ni respectés », a développé le patron de LR.
« Depuis deux ans, on a l’impression que vous avez tourné le dos aux territoires ». « Je n’ai aucune réponse sur les petites lignes ferroviaires » et « au lieu de mettre de l’argent sur les moyens de transport vous nous mettez les 80 km/h », a accusé M. Wauquiez. « Le problème principal est qu’il faut réconcilier, mettre la France ensemble. Il y a eu trop de gestes qui donnent à penser que la France est à plusieurs vitesses. Il faut réconcilier la France des villes et la France rurale », a jugé M. Wauquiez.
Pour Macron, les responsables politiques se « défausse(nt) »
« Je ne voudrais pas qu’il y ait des caricatures » mais « il faut voir l’état dans lequel on a pris le pays », a notamment répondu Emmanuel Macron. « Je ne me défausse pas mais l’État a vécu une crise financière. Certains s’en souviennent qui avaient des responsabilités ministérielles, qui ont eu à prendre des décisions d’économies qui étaient utiles et qui ont conduit à réduire les dotations des collectivités locales et à baisser d’autres dépenses », a développé le chef de l’État face à l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy.
« Même quand on a des responsabilités, on se défausse, quand il y a des problèmes, pour les mettre sur la tête du président », a-t-il jugé. M. Macron a fait l’éloge de la « décentralisation » et de la « déconcentration » pour « des décisions au plus près du terrain », en jugeant le processus « trop lent ». « Il faut qu’on puisse accélérer et rouvrir des services publics pour avoir une répartition de nos fonctionnaires repensée à l’aune de nos territoires », a-t-il dit.
« Le président de la République doit changer »
« Je mets en garde le président de la République (…) un débat, c’est échanger directement avec les Français », a déclaré Laurent Wauquiez après le débat, devant la presse. »Quels sont les Français qui ont pu spontanément échanger avec le président? », a-t-il déploré, jugeant qu’on « assist(ait) à des voyages dans une bulle », a-t-il jugé. « Il faut qu’il aille sur le terrain et qu’il échange directement avec les Français sans filtre, parce que sinon le débat va tourner à vide et ce sera un échec, et ça n’est pas ce que je souhaite », a insisté le patron de LR.
Laurent Wauquiez: Emmanuel Macron doit « échanger directement avec les Français » pic.twitter.com/mLlJVzvjos
— BFMTV (@BFMTV) 24 janvier 2019
« Le danger de ce grand débat c’est que l’on sorte avec des propositions très éloignées de ce qu’attendent les Français », a-t-il également dit. « Le président de la République doit changer. Il doit aller sur le terrain et qu’il échange directement avec les Français sans filtre. »