Jean Bricmont résume en quelques lignes l’histoire du conflit OTAN/Russie au sujet de l’Ukraine depuis 1991.
En 1991, les Russes étaient très favorables à l’Occident à cause d’illusions sur la démocratie et la liberté (ce que j’ai pu constater en allant dans les années 80 en Urss). Il aurait été très facile d’en faire des amis si pas des alliés.
Au lieu de cela, on les a traité en pays vaincu, alors qu’ils avaient eux-mêmes mis fin à la guerre froide et démantelé l’URSS.
Ensuite vinrent les années Eltsine, vue en Occident comme la victoire de la démocratie et en Russie comme la ruine absolue (ce qu’elles étaient).
On a élargi l’Otan contrairement aux promesses verbales faites en 1991. Le fait que les Russes à l’époque se sont contentés de telles promesses non écrites montre bien leur extrême naïveté par rapport aux Etats-Unis.
En 1999 on s’est moqué d’eux lors de la guerre contre la Yougoslavie.
Puis vint Poutine qui a de fait redressé le pays, principalement sur le plan économique et non pas simplement à cause d’un « rêve de grandeur ».
En 2001, la Russie dirigée par Poutine a aidé les Etats-Unis dans leur « guerre à la terreur », y compris dans l’invasion de l’Afghanistan. Grossière erreur à mon avis.
Puis à la conférence de Munich en 2007, Poutine a clairement indiqué qu’il y avait des limites à ne pas franchir et a demandé un accord général sur la sécurité en Europe.
En 2014, coup d’état en Ukraine qui visait à en faire un bastion anti-russe, ce qui a provoqué la fuite hors de l’Ukraine de la Crimée et du Donbass.
Suite à cela, sanctions contre la Russie, qui l’amène à se rapprocher de la Chine.
2015 : accords de Minsk, qui permettraient en principe de résoudre la crise du Donbass, que l’Ukraine ne respecte pas. Bombardements réguliers de la population du Donbass.
2021 : la Russie exige des réponses écrites à ses exigences de sécurité collective. On lui rit au nez.
Maintenant que la catastrophe est arrivée, que va-t-on faire ? Tenter de faire durer au maximum la guerre en envoyant des armes mais pas des troupes et essayer de détruire l’économie russe grâce aux sanctions.
Ce n’est qu’une continuation de la politique suivie depuis 1991 qui n’a fait que radicaliser la position russe et qui probablement la radicalisera encore.
Jean Bricmont