Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré nommés à la tête de Renault



Le président et le directeur général ont été désignés par le conseil d’administration du constructeur automobile, jeudi, après la démission de Carlos Ghosn.

La succession de Carlos Ghosn à la tête de Renault est désormais connue : Jean-Dominique Senard, 65 ans, a été nommé président du constructeur automobile, jeudi 24 janvier, tandis que Thierry Bolloré, 55 ans, est le nouveau directeur général.

Cette décision du conseil d’administration de Renault survient quelques heures après l’annonce de la démission, devenue inéluctable, de l’ancien PDG, Carlos Ghosn, incarcéré au Japon depuis deux mois. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a déclaré, en marge du Forum économique de Davos, qu’il était « temps de mettre en place une nouvelle gouvernance [du constructeur automobile] parce que le plus important aujourd’hui, c’est de préparer le futur de Renault et de l’alliance » avec Nissan.

De son côté, le constructeur d’automobiles japonais a annoncé jeudi dans un communiqué avoir entamé le processus d’organisation d’une assemblée générale extraordinaire pour la mi-avril, afin d’entériner la révocation de Carlos Ghosn et de nommer un nouveau membre choisi par Renault. C’est « un signal positif », a estimé M. Le Maire.

Conseil d’administration

Jean-Dominique Senard, 65 ans, est actuellement président de Michelin, fonction qu’il exercera jusqu’à expiration de son mandat, en mai 2019. Il jouit d’une image de patron social et a les faveurs du gouvernement français, alors que l’Etat est le premier actionnaire de Renault avec 15 % du capital et environ 22 % des droits de vote.

Quant à Thierry Bolloré, il assurait l’intérim depuis la fin de novembre et représente la continuité au sein du groupe qu’il a rejoint en 2012, en provenance de l’équipementier Faurecia. Il devrait être chargé de la direction générale. Ce Breton de 55 ans est un fin connaisseur de l’Asie et du Japon ; un vrai plus à l’heure où les rapports futurs entre Nissan et Renault interrogent jusqu’en interne.

En effet, si le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, martèle que l’alliance entre Renault et Nissan, bâtie par Carlos Ghosn, n’est « absolument pas en danger », les interrogations restent importantes.

Succession problématique pour l’alliance

Qui, par exemple, va présider cette alliance ? La succession à la tête du numéro un mondial de l’automobile en 2017 avec 10,6 millions de véhicules vendus, dont 3,76 millions pour Renault et 5,81 millions pour Nissan, s’annonce comme un casse-tête. Même si les statuts prévoient que le PDG de l’entité enregistrée aux Pays-Bas soit nommé par Renault, alors que Nissan choisit le vice-président.

Renault détient 43 % de Nissan, qui lui-même possède 15 % de Renault (mais sans droit de vote) et 34 % de Mitsubishi. Juridiquement, le pouvoir est donc bien aux mains de Renault. M. Senard « aura vocation à être le représentant principal de Renault dans les organes de direction de l’alliance » avec Nissan et Mistubishi, a précisé le conseil dans un communiqué.

Mais Nissan pèse près de deux fois plus que la marque au losange en Bourse, et la situation génère des rancœurs au Japon. Même si Renault a sauvé le constructeur japonais de la faillite en 1999, certains estiment que la structure actuelle de l’alliance ne traduit pas le véritable poids de leur entreprise.

Une remise à plat de cet édifice subtil, dont Carlos Ghosn était la clé de voûte, pourrait signifier une perte d’influence de Renault. « Un des enjeux récents était de s’intégrer davantage » pour rendre plus visible les bénéfices de l’alliance, estimait à la fin de novembre Tommaso Pardi, directeur adjoint du Groupe d’étude et de recherche permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile (Gerpisa). Mais l’affaire Ghosn montre, selon lui, que « le fait d’aller plus loin était peut-être plus compliqué qu’on l’avait pensé ».

Pas de fusion en vue

Dimanche, Bruno Le Maire a, en tout cas, démenti avec vigueur des informations de médias japonais selon lesquelles des représentants de l’Etat français auraient plaidé pour une fusion entre Renault et Nissan. Un scénario qui « n’est pas sur la table ».

« Le rôle du prochain président, c’est de renforcer l’alliance, de renforcer ce géant industriel qui est aujourd’hui le premier constructeur automobile mondial. C’est la responsabilité première du prochain président », a-t-il aussi estimé sur BFM-TV, tandis que le directeur général aura à gérer « le fonctionnement opérationnel ».

Le défi est donc de taille pour le tandem qui doit prendre les rênes du groupe français, même si Carlos Ghosn leur lègue une entreprise en bonne santé financière. Il aura augmenté le volume des ventes mondiales de plus de 50 % à près de quatre millions de véhicules (hors Nissan et Mitsubishi), en développant notamment le créneau du low cost avec les marques Dacia et Lada.

Par ailleurs, la question des indemnités de départ auxquelles peut prétendre Carlos Ghosn sera réglée lors d’un comité de rémunération de l’entreprise « qui n’a pas encore été convoqué », selon une source proche du dossier citée par l’Agence France-Presse (AFP). Ce sujet « ne sera pas abordé aujourd’hui lors du conseil d’administration de Renault », a-t-elle assuré.

Source lemonde.fr – lire la suite de l’article

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