Le leader d’Europe Ecologie-Les Verts veut gagner au moins quatre grandes villes, dont Paris, lors des élections municipales de 2020.
Auréolé de sa troisième place aux élections européennes (13,5 % des voix), le 26 mai, comme tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Yannick Jadot détaille, dans un entretien au Monde, le rôle que sa formation veut tenir dans le jeu politique français.
Vous êtes arrivé en tête du bloc de gauche lors des européennes. Cela vous donne-t-il une responsabilité particulière dans la recomposition de ce camp ?
Ce n’est pas la seule question de la recomposition de la gauche qu’il faut se poser, mais celle de tout le champ politique pour faire face au plus grand défi auquel l’humanité ait été confrontée : sa survie. Le fait d’avoir imposé l’écologie comme troisième force politique de notre pays nous oblige incontestablement. Nous devons être à la hauteur de ces plus de 3 millions de voix. Et porter un projet plaçant l’écologie et la solidarité au cœur du paysage politique européen. Il ne s’agit pas d’un vote isolé ; on a participé à la vague verte comme en Allemagne et au Benelux. La responsabilité que nous avons, aussi en France, c’est de construire la grande alternative, préparer l’alternance, autour de ce projet de l’écologie et de la solidarité.
Quand on est le premier parti de la jeunesse, on doit se focaliser sur le futur et pas sur le passé. Je veux rassembler toutes celles et tous ceux qui défendent les valeurs fondatrices de l’écologie, la justice sociale, la solidarité, l’égalité des droits et les libertés.
C’est-à-dire ?
Le mandat que nous avons reçu avec cette élection, c’est de sauver l’avenir, pas le passé, sauver le climat et pas les vieux appareils. Je ne participerai pas à un rafistolage du paysage politique du XXe siècle.
Ce n’est ni de l’arrogance ni du mépris. C’est une distance de construction politique. Il y a une telle urgence écologique, une telle urgence sociale et une telle urgence démocratique qu’il nous faut agir, concrètement, au jour le jour.
Tracer une ligne entre défenseurs du climat et fossoyeurs de la planète, comme vous le faites, n’est-ce pas une forme de « populisme vert » ?
Pas du tout ! Le populisme, c’est être dans une posture et instrumentaliser les difficultés sans se donner les moyens d’y répondre.
Nous avons la démarche inverse ; notre souhait est d’être dans l’action, le concret, pas dans les slogans. Nous voulons répondre aux difficultés de nos concitoyens, montrer que l’écologie en action est profondément sociale, que c’est à la fois une protection et une projection. Il n’y aura pas de société apaisée, solidaire et démocratique si on n’offre pas un avenir serein, si on n’échappe pas au chaos climatique et à l’anéantissement de la biodiversité. On veut se donner les moyens d’agir, pour se donner les moyens de conquérir le pouvoir et de l’exercer.