Vers l’interdiction de l’écriture inclusive dans le service public ?


Remous au sein de la majorité !

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Le député LREM François Jolivet s’apprête à déposer une proposition de loi visant à interdire l’usage de l’écriture inclusive dans le service public.

Inclusive ou excluante ?

L’écriture inclusive bientôt interdite ? C’est en tout cas le souhait du député de l’Indre LREM François Jolivet, qui a indiqué sur son compte Twitter jeudi dernier le dépôt prochain d’une proposition de loi. Utilisée essentiellement pour effacer tout prédominance masculine, l’écriture inclusive pourrait finalement s’avérer davantage excluante, notamment à travers l’usage excessif du point médian, selon le député. « L’écriture inclusive est autant illisible que discriminante. Le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes est juste, mais les chemins qu’il emprunte sont parfois déroutants et inutiles. Ils fracturent, et ne réparent rien », a-t-il expliqué.

François Jolivet dit également s’inquiéter des « concitoyens malvoyants ou aveugles », visiblement exclus de l’écriture dite inclusive, car « les dispositifs de lecture qu’ils utilisent sont inopérants ». D’autre part, le député s’appuie sur les avis alarmés d’experts en « dyslexie, dyspraxie et dysphasie » qui « alertent sur les difficultés supplémentaires engendrées par cette forme d’écriture ». « Il faut y mettre fin dans toutes les entités en charge d’une mission de service public », a-t-il renchéri, accusant cette écriture de « brouiller la nature même des messages ».

Une écriture controversée

La proposition de loi, co-signée par 44 autres parlementaires et qui sera bientôt présentée à l’Assemblée nationale, estime que « depuis quelques années, les militants de l’écriture dite « inclusive » usent de tous les moyens pour imposer à la société leur vision très personnelle et en rien majoritaire », selon LCI. « Le 16 octobre 2017, le ministre de l’Éducation nationale s’est déclaré contre son utilisation dans les manuels scolaires. Le 26 octobre 2017, l’Académie française a alerté sur le risque d’aboutir à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité », est-il écrit. Pourtant, l’écriture inclusive « continue de progresser dans notre pays. Il faut y mettre fin », martèlent les députés.

Cependant, cette proposition d’un député LREM ne semble pas convaincre l’ensemble de la majorité. Citée par LCI, une députée LREM s’inquiète d’une initiative d’un homme « attaché à ses privilèges », tandis qu’une autre parlementaire macroniste rappelle que « l’égalité femmes-hommes, c’est la grande cause du quinquennat ». « Qu’on n’utilise pas le point médian partout, je comprends évidemment, mais qu’on l’interdise à ceux qui veulent l’utiliser, c’est n’importe quoi. […] Je suis bluffée d’ailleurs par le nombre de femmes qui co-signent sa proposition de loi », s’est-elle indignée.

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Des municipalités inclusives en difficulté

Depuis quelques années, l’écriture inclusive et ses militants tentent de s’immiscer dans le service public, à travers ses administrations. Le cas le plus populaire reste la ville de Lyon, qui a basculé dans l’écriture inclusive après l’arrivée des écologistes à la tête de la municipalité, lors des dernières élections municipales. « Convaincu de son utilité », le maire EELV de Lyon Grégory Doucet s’est pourtant attiré les foudres de personnes en situation de handicap, et notamment des malvoyants. De nouvelles graphies comme « les citoyen·ne·s » ou « les habitant·e·s » n’étant finalement que très difficilement déchiffrables par les outils de synthèse vocales.

D’autres municipalités ayant déjà adopté cette forme d’écriture ont choisis d’assumer pleinement leur choix, comme c’est le cas de la Mairie de Paris. Demain, l’opposition présentera un vœu afin de demander le bannissement de l’écriture inclusive de la Mairie. L’adjointe PCF à la Mairie de Paris pour l’Égalité femmes-hommes va demander, conjointement avec son collègue en charge du handicap Jacques Galvani, à rejeter cette proposition. « Ce n’est pas le fait de visibiliser les femmes qui est compliqué, c’est le français. Et ce n’est pas une langue morte. La langue évolue avec l’égalité qui progresse », a-t-elle estimé auprès de 20 minutes.

Dans la commune de Périgueux, la maire socialiste Delphine Labails et ses collaborateurs ont proposé lors d’un conseil municipal en décembre dernier un règlement intérieur rédigé entièrement en écriture inclusive. Contactée par Marianne, la maire PS explique vouloir défendre « une évidence » en actualisant les documents municipaux en écriture inclusive, justifiée par une « mesure symbolique pour traduire l’égalité femmes-hommes ». Le 10 février dernier, une requête a été déposée par l’ancien élu Patrice Reboul devant le tribunal administratif de Bordeaux, « demandant l’annulation du règlement intérieur de la ville de Périgueux rédigé en écriture dite inclusive ». Conformément à l’article 2 de la Constitution (« la langue de la République est le français »), Patrice Reboul explique auprès de Marianne que « les textes administratifs doivent être rédigés en français or l’écriture inclusive n’est pas du français ». Une requête qui, peut-être, fera à l’avenir jurisprudence…

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Avlula
3 années il y a

C’est là où on perd totalement la bataille des mots. Si si, le français est une langue inclusive, quand on écrit « bonjour à tous » c’est bien de l’écriture inclusive, le mot « tous » incluant tout le monde. Rien à changer à cela. Pas de raison d’éclater un mot inclusif en divers mots ou syllabes selon des critères arbitraires, tels le sexe (mais pourquoi pas autre chose). Les gros lourds qui sortent des « bonjour à tous ET à toutes » par exemple, comme s’il fallait bien séparer en deux groupes… Au contraire, c’est très sexiste et apprécié des mâles en rut, cette impression… Lire la suite »

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