Pour uniformiser la notation, les correcteurs du baccalauréat sont parfois invités à revoir leur barème. Presque toujours à la hausse.
Encore dépité, il décrit un « sketch ». Sur Twitter, un ancien professeur de français a provoqué près de 7000 réactions en racontant jeudi, d’un ton acerbe, la façon dont on aurait poussé son groupe de correcteurs du baccalauréat à améliorer artificiellement les notes de leurs copies il y a une dizaine d’années.
Le succès de son « thread » n’est guère étonnant : année après année, l’harmonisation des notes de l’examen est l’objet de critiques objectives, mais aussi parfois fantasmées. Plutôt que son principe, elles visent principalement les directives guidant ce processus. Elles inciteraient, selon ses détracteurs, les correcteurs à surnoter les copies médiocres, sous couvert de « bienveillance ».
Pour tous ceux qui ont passé l’épreuve anticipée de français au bac, qui stressent beaucoup, et pour les autres : petit thread sur la manière dont l’État nous demande de noter, avec ce petit sketch vécu par moi-même…
— Laurent Nunez (@LaurentNunez) 20 juin 2019
Mais à quel point ? Une certitude : avant même de se munir de leur stylo rouge, ils doivent se présenter à ce qu’on appelle une « réunion d’entente ». En clair… Un cours de correction ! Les enseignants y sont notamment invités à évaluer des copies d’élèves. Et ceux qui notent le plus durement doivent se justifier devant tous les autres.
« Soupçon latent »
Des inspecteurs ou, à défaut, des professeurs « chargés de mission » passent ensuite leurs consignes. « L’idée, c’est de ne pas hésiter à valoriser le travail des élèves, relève Louise*, jeune prof de français dans un lycée privé parisien. Si une copie est bonne, on peut facilement dépasser les 15/20. Et si elle est mauvaise, voire catastrophique, on va chercher de petits motifs de satisfaction, comme la simple existence d’une problématique et d’un plan… »
Mais le cœur des critiques cible le moment où les correcteurs se retrouvent pour uniformiser leur notation, après s’être chargés de leur copie. C’est la fameuse « réunion d’harmonisation », dont les débats sont confidentiels. En 2008, déjà, un rapport sénatorial regrettait « le secret qui entoure » ce processus, y voyant « l’un des facteurs qui entretiennent un soupçon latent autour des notes de baccalauréat et du principe même de l’harmonisation ».
« Garantir qu’il n’y a pas eu de saccage »
« Généralement, cela sert surtout à s’assurer qu’aucun collègue n’a eu la main trop lourde, tempère Patrick, professeur de philosophie en Seine-Saint-Denis. C’est notamment l’occasion de relire les copies les plus mal notées, pour garantir qu’il n’y a pas eu de saccage gratuit. » Chaque note inférieure à 5/20 doit faire l’objet d’une justification en public. Celles supérieures à 18/20, 19/20 ou même 20/20 ne sont, elles, pas vérifiées.
j’ai interrogé un correcteur professeur agrégé dans un lycée de province; il a assisté à la réunion préparatoire. S’il fallait corriger « normalement » il n’y aurait pas 50% d’admis au bac