Souvenez-vous : en 2014, le groupe américain Général Electric rachetait la branche énergie du groupe français Alstom pour 13 milliards d’euros. Confier des turbines de 58 de nos réacteurs nucléaires à un groupe étranger sera considéré comme véritable “scandale d’Etat” par de nombreux opposants. Notre souveraineté industrielle en matière nucléaire est depuis lors entre les mains des américains.
Le 4 novembre 2014, Général Electric et l’Etat signent un accord dans lequel la firme américaine s’engage à laisser l’activité de “turbine à gaz” à Belfort pour dix années. Cinq ans plus tard, en 2019, la société annonce un vaste plan social avec à la clé la suppression de 1 050 postes en France, dont 792 dans le site de l’usine de Belfort. Même sanction sur le site de Bourgogne, au sud de Belfort et à Chonas-l’Amballan en Isère. Face à ce non respect des engagements pris, les syndicats de l’usine de Belfort portent plainte lundi 7 octobre 2019 contre l’Etat devant le tribunal administratif.
Depuis le 8 octobre 2019, les salariés, loin d’être découragés, bloquent la production, ils entament leur troisième jours de grève. L’un d’entre eux affirme sur RTL :
“On tient le piquet comme on dit, on n’a pas trop le choix et on ne cédera pas. Tant qu’on aura pas quelque chose de concret […] on lâchera pas le bout. Il faut de la volonté et on est volontaires”.
Le 9 octobre, les syndicats et la direction de l’usine de Belfort se sont réunis pour clarifier la stratégie de Général Electric, la réunion n’a pas apaisé les tensions. Un syndicaliste commente :
“L’intitulé est assez flou, mais on reste curieux de savoir ce qu’ils ont à nous dire.”
Une autre réunion a eu lieu aujourd’hui 11 octobre avec Patrick Mafféïs, directeur des opérations industrielles de GE Power pour l’Europe. “Ce qui va se dire dans les prochaines 36 heures va déterminer la suite de l’action”, résumait Nicolas Mercier, délégué CFE-CGC.
Les syndicats s’agitent mais ne remettent pas en cause le bocal dans lequel ils tournent en rond. L’appartenance de la France à l’Union Européenne a, depuis des décennies, affaibli sa souveraineté économique pour, petit à petit, arriver à la perte totale de son indépendance économique et de sa maîtrise des politiques sociales. Que peut faire l’État français ? Contraindre Général Electric à maintenir ses activités sur les sites français ? L’Union Européenne s’interposera au nom de la sacro-sainte concurrence « libre et non-faussée ». Un impératif qui s’accorde peu avec la préservation d’un modèle social tel que celui de la France. Quand les syndicats le comprendront-ils ? Si le Brexit est encore un tabou à gauche, il devient une impérieuse nécessité pour les travailleurs français.
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