Le livre de Florian Philippot, président du mouvement des Patriotes, est disponible gratuitement sur le site de son mouvement. Il s’agit en réalité d’un manifeste, d’une soixantaine de pages au format A4, ayant pour thème central le Frexit, cœur de son message politique. Suite au Brexit et avec la crise sanitaire que traverse la France, le Frexit est plus que jamais un sujet d’actualité dont il faut parler posément. Les États ont-ils totalement perdu leur souveraineté ? De quelle manière l’Union Européenne pèse-t-elle sur nos vies ? Peut-on en sortir et quels en seraient les bénéfices ? Telles sont certaines des questions qui sont analysées dans le livre de Florian Philippot. Nous l’avons lu.
Cette période de confinement est incontestablement l’occasion de lire. Le livre de Florian Philippot, Frexit en sortir pour s’en sortir, s’offre à nous sur le site de son mouvement. C’était l’occasion idéale de le lire et de vous en donner un aperçu.
Une première partie consacrée à la division idéologique au sein du Rassemblement National
En préambule, rappelons que ce livre est paru en 2018, et que s’il reste totalement d’actualité, il ne colle pas non plus aux tous derniers événements qu’a traversé l’Union Européenne (par exemple, aucune mention n’est faite de Boris Johnson, le Premier Ministre britannique, personnage-clé du Brexit mais élu après la sortie du livre). Le premier chapitre est un résumé du passage de Philippot au Rassemblement National, de 2009 à 2017, aux événements qui ont conduit à son départ et à la création des Patriotes en septembre 2017 en tant que mouvement politique. Cette partie du livre est particulièrement intéressante pour comprendre les deux courants idéologiques qui traversent le Rassemblement National.
Philippot est l’homme de la dédiabolisation du mouvement, se définissant comme « républicain souverainiste » (partisan d’une France totalement au commande de sa destinée et de celle de son peuple), Gaulliste et Chevènementiste. Il prône la fin du clivage « gauche-droite » et est également favorable à une ligne populiste et sociale, s’adressant aussi aux « souverainistes (ou patriotes) de gauche », à un électorat voyageant entre Mélenchon et Le Pen (les Gilets Jaunes ?) frappé de plein fouet par la désindustrialisation de la France.
L’autre courant au sein du mouvement est davantage identitaire, libérale et conservateur, « de droite », et ne parlerait que d’immigration et d’Islam selon l’auteur. Une ligne qui aurait fini par revenir en force et s’imposer au sein du mouvement. Pour Philippot, vouloir stopper l’immigration tout en restant dans l’UE est une escroquerie, et revient à faire du Sarkozy 2007.
« La souveraineté ne se négocie pas » écrit-il et la « reconquête [de souveraineté] doit être entière ». Il exclut de ce fait les partisans « d’une autre Europe ».
Une deuxième partie consacrée aux questions sociales, économiques et migratoires
Pour le président des Patriotes, sans souveraineté nationale pas de démocratie. De Gaulle en 1942 ne disait-il pas : « La démocratie se confond exactement, pour moi, avec la souveraineté nationale. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple par le peuple, et la souveraineté nationale, c’est le peuple exerçant sa souveraineté sans entrave. »
Frexit en sortir pour s’en sortir traite également de la question fondamentale du référendum. « Il faut en premier lieu un référendum d’initiative populaire qui soit digne de ce nom. Mais, d’abord, n’ayons pas peur du référendum ! Respectons le choix des Français quand il s’exprime, et ne procédons pas en sens inverse, comme on le fit en 2008 par le traité de Lisbonne, copie-conforme de la constitution européenne pourtant massivement rejetée par les Français en 2005 lors d’un référendum passionnant ! » écrit-il par exemple.
Les trois chapitres suivants abordent les questions sociales. « Contre le chômage on a tout essayé » disait François Mitterand, sauf le Frexit, lui rétorque l’auteur. Philippot s’attaque également aux syndicats, organisateurs de nombreuses manifestations stériles ces dernières années, coupables à ses yeux de ne jamais dénoncer l’origine des lois antisociales : l’Union Européenne et les GOPÉ (grandes orientations de politiques économiques). L’euro, notre monnaie commune, est critiquée en fil rouge du livre et jugée trop forte, favorable principalement aux Allemands et contraire aux intérêts des Français.
Faisant écho au premier chapitre, l’auteur s’attaque ensuite, et durant huit pages, aux questions d’immigration. Pour lui, l’Union Européenne est une « passoire » et le premier responsable d’une immigration massive dont les Français ne veulent plus. À cette occasion, le droit européen, qui est aujourd’hui supérieur au droit français, serait à remettre en cause.
« L’Europe c’est la paix » : pas selon l’ancien numéro 2 du Rassemblement National. Sans harmonisation fiscale, les nations continuent de se faire la guerre au sein de l’Union. « Ainsi la Pologne, avec laquelle notre commerce est déficitaire de manière continue depuis 2009, bénéficie de plusieurs milliards d’euros par an d’argent français pour son budget (environ 2 milliards d’euros par an via les redistributions européennes), reçoit nos usines délocalisées dont elle nous expédie ensuite les produits (ou bien nous prend directement des parts de marché à l’export) et, pour terminer, nous envoie ses travailleurs détachés qui occupent des emplois pourtant créés sur le sol français. À un moment, il faut savoir dire stop. C’est aussi cela le sens du Frexit. »
Un livre, mais après ?
Après une mémorable soirée célébrant le Brexit, où souverainistes de tous bords s’étaient rassemblés à l’initiative de François Asselineau, un projet politique commun verra-t-il le jour ? Que le Frexit soit source de littérature politique ne peut que nous réjouir, mais de nombreux français attendent plus. L’alliance des frexiteurs prendra-t-elle forme pour les élections présidentielles de 2022 ? Car ne nous y trompons pas, si l’actualité sanitaire du moment écrase tout le reste, la sortie de crise sera politique. Cette période historique est peut-être l’occasion de rebattre les cartes politiques et d’envisager de nouvelles unions, inédites.
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