« L’école de la confiance » de Blanquer est un terrain d’affrontements



Malgré la posture du « rassemblement » du ministre de l’éducation, les débats dans l’Hémicycle ont été le prétexte à des prises de position débordant du cadre de l’école, explique la journaliste du « Monde » Violaine Morin.

Analyse. Que restera-t-il des débats sur la loi « pour une école de la confiance » ? Dans un hémicycle le plus souvent clairsemé, le ministre Jean-Michel Blanquer a tenté, du 11 au 15 février, de défendre « sa » loi, lui qui s’était longtemps promis de ne pas en faire une. Contre vents et marées, le ministre de l’éducation nationale a tenté de tenir le cap du rassemblement.

L’une des figures les plus fortes de la Macronie, et les plus appréciées de l’opinion publique, aux avant-postes du « grand débat », Jean-Michel Blanquer s’est efforcé de rester dans la ligne du « en même temps » macronien. A la droite, il a accordé un amendement sur les drapeaux français et la Marseillaise affichés dans les salles de classe. A la gauche, il a présenté des mesures dont la dimension de justice sociale était difficilement contestable, comme l’instruction obligatoire à trois ans ou le prérecrutement des étudiants avant les concours de l’enseignement.

Vision politicienne

M. Blanquer a eu l’habileté politique d’accueillir de nombreux symboles – y compris fortement marqués à droite – sur le mode de la conciliation et de « l’ouverture ». Confirmant sa réputation de fin tacticien, il n’en a pas pour autant dévoilé sa stratégie pour l’école, même si elle a semblé évidente à ses détracteurs à gauche qui l’ont accusé de « droitiser » les débats. Il a ainsi longuement écouté Eric Ciotti réclamer une mesure présentée sous l’euphémisme de « contrat de responsabilité parentale », soit la suppression des allocations familiales pour les parents d’élèves violents. De même, il l’a entendu défendre l’interdiction du port de signes religieux pour les accompagnants de sorties scolaires – sur ce dernier point, M. Blanquer allait céder, s’il n’avait été rattrapé in extremis par l’aile gauche de la majorité.

La tenue de ces débats enseigne autre chose : la posture du rassemblement, tenue coûte que coûte par M. Blanquer, fait aussi courir le risque de rejeter toute objection dans l’ordre du superflu. Comment s’opposer en effet à ce qui se présente comme le pragmatisme incarné, sous les abords d’une « confiance » que l’on se rendrait coupable de refuser ? Dans un tel attelage, quiconque lève la voix peut facilement être renvoyé à des postures politiciennes, au rejet obtus du changement, aux vieilles lunes idéologiques.

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