L’Éducation nationale a fourni cinq masques en tissu de la marque DIM à chaque enseignant au moment de la rentrée scolaire. Or, ces masques sont traités à la zéolithe d’argent, un biocide considéré comme toxique pour la santé humaine et l’environnement.
Actualisation – mercredi 14 octobre 2020 –
L’enquête de Reporterre, publiée mardi matin (voir ci-dessous), a suscité de nombreuses réactions :
- le syndicat des enseignants du second degré SNES–FSU a demandé mercredi une expertise indépendante sur les masques concernés : analyse précise des masques fournis aux enseignants et explication de la chaîne de décision ayant conduit à la fourniture des masques DIM ;
- Interpellé à l’Assemblée nationale sur les « masques toxiques » révélés par Reporterre, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a refusé de répondre. Cependant, interrogé de nouveau mardi soir sur RTL, le ministre a dit : « C’est une information surprenante qui mérite vérification » ;
- un collectif d’enseignants, Les Stylos rouges, a annoncé qu’il porterait plainte ;
- d’autres enseignants proposent à leurs collègues de renvoyer les masques à l’Elysée ;
- le syndicat Snudi-Force ouvrière de la Mayenne indique lancer une procédure d’alerte
Le 8 septembre dernier, Emmanuel Macron prenait le micro devant les étudiants d’un lycée professionnel de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) dans le cadre de « L’égalité des chances ». Derrière son masque, il déroulait son texte quand, soudain, ce fut le drame : « Pardon je m’étrangle », toussa-t-il. Il tenta de reprendre son discours, mais sa voix tangua et la quinte de toux revint : « Donnez-moi un masque peut-être plus léger. Je vais mettre un masque plus léger parce que j’ai dû absorber un truc du masque. »
« Je pense m’étouffer avec ça… »#Macron tousse et s’étouffe avec son #masque ce midi à Clermont-Ferrand.
pic.twitter.com/YDicCQfYgZ— ?????? (@medmedfr) September 8, 2020
Le masque qui a failli étouffer M. Macron était un de ceux distribués au corps enseignant par l’Éducation nationale pour la rentrée scolaire. Une manne pour la marque DIM qui les fabrique. L’entreprise DIM, née en France en 1953, a été une filiale du fonds d’investissement étasunien Sun Capital Partners — qui possède Playtex et Wonderbra — entre 2005 et 2014. Elle est depuis une filiale de la société étasunienne HanesBrands. Le fonds de pension BlackRock possède 2,66 % de HanesBrands. Les masques sont par ailleurs fabriqués en Roumanie, selon l’étiquette de ceux que Reporterre s’est procurés.
DIM ne cache pas — c’est écrit sur l’emballage, voir photo ci-dessous — que ses masques ne sont « ni un dispositif médical au sens du règlement (UE) 2017/745 (masques chirurgicaux), ni un équipement de protection individuelle au sens du règlement (UE) 2016/425 (masques filtrants de type FFP2) ». Malgré tout ils gardent leur utilité si les gestes barrière sont respectés scrupuleusement. Or, dans une école maternelle, les gestes barrière sont impossibles à tenir. « Le protocole sanitaire change tout le temps, il est de plus en plus allégé. Le brassage des élèves est de nouveau autorisé depuis jeudi 8 octobre, par exemple », affirme Chloé, professeur des écoles à Paris. Pourtant, les établissements scolaires sont parmi les premiers foyers épidémiques du pays. D’après Santé publique France, 35,9 % des 1.001 foyers épidémiques en cours d’investigation étaient localisés en milieu scolaire au lundi 28 septembre [1].
« Dans le cas présent, les zéolithes sont traitées avec un sel d’argent, afin de leur conférer une propriété biocide »
Par ailleurs, les masques en tissus n’ont pas été distribués en nombre suffisant dans les écoles. « Nous avons seulement cinq masques par personne de ce type pour toute l’année scolaire », indique Chloé. « Comme il est écrit que nous devons les porter 4 heures maximum, cela devrait faire neuf masques par semaine minimum (car les élèves ont encore classe le mercredi matin à Paris). » De plus, les masques doivent être lavés 30 fois maximum. En deux mois, ils ne sont donc plus officiellement viables.
Au-delà de leur rareté et de leur efficacité toute relative, c’est une molécule qui agite les esprits des plus rétifs. Claire, professeur des écoles en Île-de-France, explique non sans sarcasme : « Comme j’aime bien les masques, j’ai remarqué que ceux-ci sont faits de tissus traités à la zéolithe d’argent et de cuivre. Curieuse de cette nouveauté, je me suis renseignée et je me suis aperçue que ces atomes ne sont pas très sains pour l’environnement. » Sur les paquets d’emballage, il est en effet indiqué « traité au zeolite (sic) d’argent et de cuivre, et au zeolite (sic) d’argent ». Pierre Bauduin, chercheur en physique chimie à l’université de Montpellier, nous donne une définition des zéolithes : « Les zéolithes sont des structures minérales d’origine naturelle ou artificielle, synthétisées par l’homme, permettant de capter et piéger des molécules dans leur structure. Parmi les exemples les plus connus, les litières pour chat en contiennent. Dans le cas présent, les zéolithes sont traitées avec un sel d’argent, afin de leur conférer une propriété biocide et ainsi augmenter la durée d’utilisation des masques. »
Mais la présence de cet argent intrigue. Nous avons contacté par courriel l’entreprise DIM, qui a d’abord expliqué qu’il n’y avait rien d’écrit sur son site internet et terminé par « Nous pouvons donc en conclure à une absence [de zéolithe d’argent] sur nos masques ». Après l’envoi d’une photo du paquet d’emballage au service client, ce dernier est revenu sur ses propos et a assumé le fait que les masques sont bel et bien traités à la zéolithe d’argent et de cuivre, précisant qu’il « ne s’agit pas de nanoparticules mais d’un traitement antimicrobien appliqué sur le tissu », c’est-à-dire sous forme d’argent ionique.
Quels effets pour la santé alors ?
Est ce que la Roumanie veut nous intoxiquer. Peut-être. Mais surtout lorsqu’on nous distribue des objets d’un autre pays que la France, prière de vérifier la provenance et analyser les produits avec lesquels ils sont confectionnés. Chine, Roumanie…danger!!! Achetons français: plus cher, mais plus sûr…
Ma ville a donné 2 masques italiens en tissu également traités avec des ions d’argent biocides. Après est-ce que n’est pas la même chose que l’argent colloïdal ?
Quid de l’inhalation du plastique des masques chirurgicaux ?
Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux laisser le virus circuler et plutôt traiter les malades pour que ça reste bénin ? Je dis ça…