Alors que l’Iran a arraisonné au moins un navire pétrolier britannique, les voix diplomatiques européennes se sont jointes de concert afin de demander à Téhéran de le libérer. La Grande-Bretagne a dénoncé un acte «dangereux».
Les Européens ont appelé le 20 juillet l’Iran à libérer un pétrolier battant pavillon britannique arraisonné dans le détroit d’Ormuz, la Grande-Bretagne dénonçant un acte «dangereux», et appelant les navires britanniques à éviter ce passage maritime stratégique où se multiplient les incidents.
Arraisonné la veille pour «non respect du code maritime international» par les Gardiens de la Révolution, le tanker Stena Impero, dont le propriétaire est suédois, a été emmené au port de Bandar Abbas (dans le sud de l’Iran), selon les autorités portuaires de la province de Hormozgan qui abrite le port.
Cette saisie est survenue quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar (extrême sud de l’Espagne) de prolonger de 30 jours la détention d’un pétrolier iranien arraisonné le 4 juillet par les autorités de ce territoire britannique, et soupçonné de vouloir livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions européennes contre Damas. L’Iran a nié cette accusation et dit qu’il riposterait à cet acte de «piraterie».
L’Allemagne et la France ont sommé l’Iran de relâcher le Stena Impero. «Une nouvelle escalade serait très dangereuse pour la région», a averti Berlin. «Une telle action nuit à la nécessaire désescalade des tensions dans la région du Golfe», a mis en garde Paris. «Cela ne fait que montrer ce que je dis de l’Iran : des problèmes, rien que des problèmes», avait de son côté jugé le président américain Donald Trump.
23 membres d’équipage retenus
Selon Allah-Morad Afifipoor, directeur général de l’Autorité portuaire et maritime de la province de Hormozgan, le Stena Impero est «entré en collision avec un bateau de pêche» qui a ensuite «contacté le pétrolier mais n’a pas reçu de réponse». Le bateau de pêche a alors informé l’Autorité portuaire de Hormozgan, qui a ouvert une enquête car «conformément à la loi, après un accident il est nécessaire d’enquêter sur les causes», a-t-il ajouté, cité par l’agence Fars. Les 23 membres d’équipage sont tous à bord, a-t-il précisé. Dix-huit dont le capitaine sont de nationalité indienne et cinq autres de nationalité philippine, lettone ou russe. Les autorités indiennes, philippines et lettones ont déclaré avoir demandé à l’Iran de libérer leurs ressortissants.
Les Gardiens de la Révolution avaient déjà annoncé détenir un autre tanker «étranger», et son équipage soupçonnés de se livrer à de la «contrebande» de carburant dans le Golfe. Aucune indication n’a été donnée depuis sur ce navire. La région du Golfe et du détroit d’Ormuz, par où transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, se trouve au cœur des tensions, sur fond de bras de fer entre l’Iran et les Etats-Unis qui y ont renforcé en mai leur déploiement militaire en arguant de «menaces iraniennes» non précisées.
Ces dernières 24 heures ont été marquées par une polémique à propos d’un drone «iranien» que les Américains disent avoir abattu dans le détroit. Mais l’Iran a démenti affirmant n’avoir perdu aucun drone. Les tensions entre Téhéran et Washington, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, se sont envenimées depuis le retrait unilatéral américain de l’accord nucléaire de 2015, et le rétablissement des sanctions économiques américaines qui nuisent fortement à l’économie iranienne.