Des juges d’instruction parisiens ont ordonné un procès devant le tribunal correctionnel pour l’ancien Premier ministre François Fillon et son épouse Penelope, dans l’affaire des emplois fictifs de cette dernière, a-t-on appris mardi auprès d’une source judiciaire, confirmant une information du Monde.
Selon le quotidien, l’ex-candidat de la droite à la présidentielle de 2017 est poursuivi devant le tribunal pour les délits de « détournement de fonds publics », « recel de détournement de fonds publics », « abus de biens sociaux » et « manquement aux obligations déclaratives de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ».
Son épouse, qui était rémunérée comme collaboratrice, est poursuivie pour « complicité et recel de détournement de fonds publics » et « recel d’abus de biens sociaux ».
L’ancien suppléant de M. Fillon à l’Assemblée nationale, Marc Joulaud, lui aussi mis en examen dans cette enquête, est pour sa part renvoyé pour « détournement de fonds publics », selon le journal.
« C’est la suite normale de la procédure », a laconiquement commenté un des soutiens de M. Fillon à la présidentielle.
Antonin Lévy, l’avocat de l’ancien Premier ministre, a pour sa part regretté que l’ordonnance de renvoi ait été transmise « à la presse avant même qu’elle n’ait été notifiée à M. Fillon et à sa défense ».
« Cela démontre l’état d’esprit dans lequel toute cette enquête a été conduite et nous réagirons sur le fond quand nous aurons pu prendre connaissance de ce document », a-t-il commenté.
Pour Pierre Cornut-Gentille, avocat de Penelope Fillon, « cela caractérise une nouvelle violation du secret de l’instruction ».
Le Parquet national financier avait ouvert une enquête après les révélations du Canard enchaîné, le 25 janvier 2017, qui se sont avérées fatales pour la candidature de M. Fillon, éliminé dès le premier tour du scrutin. Au cœur du dossier, les soupçons d’emplois fictifs de son épouse Penelope et de ses enfants quand ils étaient ses assistants parlementaires.
Face aux juges d’instruction, M. Fillon avait défendu la réalité des emplois de sa femme à l’Assemblée nationale entre 1986 et 2013, lorsqu’il était député, et de ses enfants quand il siégeait au Sénat entre 2005 et 2007. Ces derniers n’avaient pas été mis en examen.