Nous apprenons dans un article du Monde, que l’Arabie Saoudite a été frappée par un raid « d’une dizaine de drones » sur deux sites du géant pétrolier Aramco, à Abqaiq et à Khurais, dans l’est du pays, stoppant temporairement la production de pétrole brut de ces sites, soit 5% de la production mondiale de brut.
Cette attaque a été revendiquée par les rebelles yéménites houthistes qui, rappelons-le, sont au cœur d’un conflit géopolitique entre l’Iran – qui les soutient – et l’Arabie Saoudite qui soutient le gouvernement yéménite aujourd’hui réfugié à Ryad. La faction chiite contrôle actuellement l’Ouest et le Nord du Yémen, au prix d’une guerre qui aurait coûté la vie, depuis 2015, à 10 000 personnes, en majeure partie des civiles.
Cette attaque au drone a été immédiatement imputée à l’Iran par Mike Pompeo, secrétaire d’Etat américain, qui a déclaré sur Twitter :
« Téhéran est derrière une centaine d’attaques contre l’Arabie saoudite, tandis que [le président Hassan] Rohani et [son ministre des affaires étrangères, Mohamad Javad] Zarif prétendent s’engager dans la diplomatie. Au milieu de tous ces appels à une désescalade, l’Iran vient de lancer une attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique de la planète. »
Tehran is behind nearly 100 attacks on Saudi Arabia while Rouhani and Zarif pretend to engage in diplomacy. Amid all the calls for de-escalation, Iran has now launched an unprecedented attack on the world’s energy supply. There is no evidence the attacks came from Yemen.
— Secretary Pompeo (@SecPompeo) 14 septembre 2019
Cette hâtive accusation ne peut que susciter des interrogations sur les réels bénéficiaires de cette soudaine montée des tensions entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, d’autant plus que le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a immédiatement répliqué sur Twitter (oui, les guerres se nouent et se dénouent désormais sur Twitter, quelle époque !) et dénoncé un « mensonge maximal » de Mike Pompeo :
« Mike Pompeo qui a échoué dans sa politique de pression maximale contre l’Iran a maintenant recours au mensonge maximal »
Having failed at « max pressure », @SecPompeo‘s turning to « max deceit »
US & its clients are stuck in Yemen because of illusion that weapon superiority will lead to military victory.
Blaming Iran won’t end disaster. Accepting our April ’15 proposal to end war & begin talks may.
— Javad Zarif (@JZarif) 15 septembre 2019
Rappelons que cette guerre contre l’Iran est ardemment souhaitée par Israël dans le but, entre autre, d’affaiblir le Hezbollah au Liban ainsi qu’en Syrie, et en particulier sur le plateau du Golan que l’Etat hébreux souhaite définitivement annexer. Notons que les installations iraniennes sont déjà la cible des forces israéliennes en Syrie, au Liban et plus récemment en Irak avec, en toile de fond, les élections présidentielles en Israël, où Netanyahou souhaite montrer qu’il est l’homme fort de la situation et qu’il protégera Israël des « multiples menaces » qui pèsent sur le pays.
Du côté de l’Iran, le chef de la Force aérospatiale du Corps des gardiens de la révolution, Amirali Hajizadeh, a déclaré dimanche :
« Tout le monde devrait savoir que toutes les bases américaines et leurs porte-avions, à une distance allant jusqu’à 2 000 kilomètres autour de l’Iran, sont à portée de nos missiles (…) La base d’Al-Udeid au Qatar, la base d’Al-Zafra aux Émirats arabes unis et un navire américain dans le golfe d’Oman seraient pris pour cible si Washington prenait des mesures militaires ».
En cas d’attaque, les iraniens ne se laisseraient donc pas faire, soutenus peut-être pas la Chine, qui songe justement à investir 280 milliards de dollars dans le secteur pétrolier, gazier et pétrochimique iranien.
La situation est donc tendue et pourrait très vite dégénérer en conflit régional – voire plus ! – en fonction du calendrier politique de chaque belligérant de la région, au premier rang desquels Israël.
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Crédit photo : Reuters