Le fondateur de WikiLeaks a été appréhendé par la police dans l’enceinte de l’ambassade d’Equateur, où il était réfugié depuis 2012.
Depuis plusieurs mois, la rumeur d’une arrestation imminente bruissait dans l’entourage de Julian Assange. Elle s’est concrétisée jeudi 11 avril, lorsque des policiers britanniques ont appréhendé le fondateur de WikiLeaks dans l’enceinte de l’ambassade équatorienne de Londres, où il est réfugié depuis 2012. Selon les images de la scène, diffusée sur Twitter, Julian Assange, visiblement affaibli, est porté par six policiers et embarqué à bord d’un fourgon de police.
Un communiqué de la police britannique a précisé que c’est l’ambassadeur d’Equateur lui-même qui a « invité » les policiers à se rendre dans ses locaux. Lenin Moreno, le président équatorien, a expliqué dans le même temps que son pays avait retiré l’asile à Julian Assange, qu’il avait obtenu en 2012. M. Moreno a présenté cette décision comme « souveraine (…) après les violations répétées des conventions internationales et des protocoles de cohabitation » avec Julian Assange au sein de l’ambassade.
« Julian Assange est actuellement en garde à vue », a aussi réagi le ministre britannique de l’intérieur. Une décision aussitôt dénoncée comme « illégale » par le compte Twitter de WikiLeaks.
Passage prévu devant un juge
Le site, spécialisé dans la publication de documents secrets, est dans le viseur d’une procédure judiciaire – un grand jury – aux Etats-Unis. Mais c’est une infraction plus mineure qui a justifié l’arrestation de Julian Assange, selon la police britannique. En 2012, alors que le Royaume-Uni se penchait sur une éventuelle extradition vers la Suède où M. Assange était réclamé dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle, il avait obtenu l’asile du gouvernement équatorien et s’était réfugié dans son ambassade à Londres.
En procédant de la sorte, Julian Assange avait enfreint les conditions de sa liberté conditionnelle, ce qu’a rappelé la Metropolitan Police après l’arrestation. La police britannique avait depuis toujours dit être déterminée à l’arrêter sur cette base. Julian Assange devrait maintenant passer devant un juge britannique en raison de cette infraction, qui pourrait le condamner à une peine allant de la simple amende jusqu’à un an de prison. Il existe donc une possibilité que Julian Assange se retrouve rapidement libre.
Des relations de plus en plus compliquées avec l’Equateur
Au fil des années, les relations entre M. Assange et ses hôtes se sont compliquées. Quito avait mis en place un complexe système de surveillance, qui visait non seulement Julian Assange mais aussi ses visiteurs. La situation s’est encore dégradée avec l’élection de M. Moreno à la tête de l’Equateur. Réputé plus ouvert aux Etats-Unis que son prédécesseur, Rafael Correa, le nouveau président équatorien n’a pas hésité à prendre des sanctions à l’encontre de son hôte. L’an dernier, l’accès à Internet de Julian Assange a été subitement coupé, après qu’il a publié une série de messages favorables à l’indépendance de la Catalogne.
L’ambassade d’Equateur, située dans un quartier chic de la capitale britannique, était surveillée par un dispositif policier vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les soutiens de Julian Assange ont alerté à plusieurs reprises sur la dégradation de sa santé. Des conditions de vie jugées comme une « détention arbitraire », en 2016, par un groupe de travail de l’ONU.
Côté suédois, la situation judiciaire de Julian Assange s’est en partie clarifiée, puisqu’une bonne partie des faits qui lui étaient reprochés sont désormais prescrits, et l’optique d’un procès en Suède semble très peu probable. C’est plutôt la perspective d’une extradition aux Etats-Unis qui inquiète les proches de WikiLeaks, redoutant que Washington ait transmis à Londres une demande secrète en ce sens.
Les Etats-Unis avaient fait de son arrestation une « priorité »
Il faut dire que les relations de l’Australien avec les autorités américaines sont fluctuantes. Conspué sous l’administration Obama – notamment par Hillary Clinton, alors responsable de la diplomatie américaine –, il s’est attiré la sympathie du clan Trump lors de la campagne présidentielle de 2016, en publiant sur WikiLeaks les emails piratés de la campagne d’Hillary Clinton.
Donald Trump avait même déclaré, lors d’un meeting, « j’aime WikiLeaks ! ». Mais la mise en ligne l’année suivante de documents confidentiels de la CIA a refroidi le camp républicain, et à valu à Julian Assange des menaces de la part du patron de la CIA et du ministre américain de la justice, Jeff Sessions, lequel a affirmé que son arrestation était une « priorité ».