L’arrestation des Templiers – Philippe le Bel (13 octobre 1307)




Le 13 octobre 1307, plusieurs milliers de Templiers de France furent arrêtés sur ordre du roi de France Philippe IV le Bel, petit-fils de Saint-Louis. Contrairement à son illustre aïeul, Philippe IV entretiendra des relations très tendu avec la papauté c’est le moins que l’on puisse dire. La dissolution pure et simple d’un ordre à la fois religieux et militaire fut exceptionnelle dans l’histoire. Que s’est-il passé en ce début du XIVème siècle? Qui étaient ces moines-chevaliers de l’ordre du Temple ? C’est ce que nous allons voir. Bon épisode.

Créé le 13 janvier 1129, à l’occasion du Concile de Troyes, l’ordre du Temple était constitué de moines-chevaliers au manteau blanc frappé d’une croix rouge, sous la protection et l’autorité directe du Saint-Siège, il eut pour vocation de protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem. Pendant deux siècles, leur prestige était immense. En plus d’une mission chevaleresque, les templiers aidaient financièrement les seigneurs voulant partir en Terre sainte. Pour mener à bien leur mission, ils constituèrent à travers l’europe médiévale un vaste réseau de monastères appelés des commanderies. Cette organisation fit de l’ordre du Temple l’interlocuteur privilégié des puissances de l’époque.

A partir du 28 mai 1291 et la perte définitive de la Terre sainte aux profits des musulmans lors du siège de Saint Jean d’Acre, où les Templiers ne déméritèrent pas, la fonction de l’Ordre du Temple était de moins en moins cruciale. Au deuxième concile de Lyon en 1274, il durent même justifier leur existence. La papauté se retrouvait avec une force militaire importante toute dévouée au pape. Leur rôle ne se résumait désormais qu’à la gestion des biens de l’Église et des grands de ce monde tels que Jean sans Terre, Henri III ou Philippe le Bel. Les dotations qu’ils reçurent les rendaient immensément riches et puissants.

Que ce soit l’opinion ou le roi de France, on commence à s’interroger sur la légitimité de l’ordre du Temple. De plus, des rumeurs couraient que ces moines-chevaliers étaient adeptes de pratiques dépravées et diaboliques. L’idée d’arrêter les chevaliers Templiers traversait l’esprit du roi depuis quelque temps, il facilita même la circulation de ces rumeurs. Face à ces allégations, Jacques de Molay, grand maître de l’ordre du Temple, demanda une enquête pontificale à Clément V. Elle lui fut accordée le 24 août 1307. Mais Philippe IV, pressé, émit l’ordre d’arrestation le 14 septembre 1307 sans en référer au pape, ceci était une violation du droit canonique car les templiers n’avaient pour seule autorité que le pape.

Dirigée dans le secret absolu par Guillaume de Nogaret, conseiller du roi, au matin du 13 octobre 1307, sénéchaux et baillis du royaume procèdèrent à l’arrestation de tous les templiers de France. Le pape Clément V apprit la nouvelle et décida la tenue, en hâte, d’un consistoire à Poitiers le 15 octobre 1307 afin de mettre en place un tribunal pour entendre les accusations. A l’issue de ce consistoire, le pape s’opposa clairement au roi en lui écrivant le 27 octobre 1307 pour lui signifier son indignation devant l’arrestation des templiers. Les interrogatoires commencèrent le 19 octobre 1307. Philippe IV cherchait plus leur condamnation que la vérité. Le pape ne put arrêter la procédure mais pour en garder le contrôle et ralentir l’obstination royale, il publia une bulle ordonnant l’arrestation des templiers par tous les princes chrétiens ce qui lui permit de garantir un procès public mené conjointement par les légistes royaux et les légats du pape et. Le procès dura longtemps, très longtemps, sept longues années. Sous la pression de Philippe IV, le 3 avril 1312, le pape Clément V dissous officiellement l’ordre lors du concile de Vienne. L’ordre disparaît mais Rome ne les accusera jamais d’hérésie pas plus qu’elle ne les innocentera. Interrogés sous la torture, certains mourront en clamant leur innocence. L’étaient-ils ? Dans quelle proportion ? Difficile, dans cette histoire, de faire la part des choses entre fantasmes et réalité. Mais le sort des templiers était déjà scellé comme Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay condamnés au bûcher et exécutés le 18 mars 1314. Les deux principaux protagonistes du procès, Philippe IV et Clément V allaient trouver la mort la même année.

Jean-Noël

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