Source : Vu du Droit
« Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit ! » Depuis quelques jours, l’affaire « Valeurs actuelles » versus Danièle Obono a vu refleurir cette invocation.
Les tenants de la « gô-gauche » se sont précipités sur l’incident avec gourmandise, en lançant les appels habituels à la punition judiciaire, formulés par tous ceux qui rêvent de voir les juges interdire la parole aux méchants qui ne pensent pas comme eux. Daniel Obono elle-même n’a pas manqué de brandir directement la menace en se présentant comme victime d’une « violence sans nom » et en annonçant qu’elle étudierait « sérieusement la question de porter plainte« . Comme le souligne avec une grande pertinence Anne-Sophie Chazaud dans son ouvrage à paraître dans quelques jours (« Liberté d’inexpression », chez l’Artilleur), ce recours systématique au judiciaire est devenu un des outils essentiels de la censure contemporaine. L’objectif est double : d’abord instrumentaliser le juge pénal en le faisant intervenir dans le champ du débat politique, et ensuite intimider l’adversaire, personne n’ayant envie de se retrouver à la barre des accusés. Avant d’expliquer pourquoi les envies de punitions judiciaires de Danièle Obono ne devraient normalement pas pouvoir être suivies d’effet, revenons quelques instants sur l’incendie qui a ravagé le champ politique et les réseaux sociaux pendant le week-end.
Cette séquence mérite trois observations. Tout d’abord relevons le caractère à la fois détestable et contre-productif du dessin paru dans « Valeurs actuelles ». Ensuite notons la violence et l’unanimité de la réaction des acteurs politiques de tous bords. Enfin observons l’effet boomerang que le courant racialiste anti-populaire est en train de subir.
Sauter dans le piège, et à pieds joints
L’initiative de « Valeurs actuelles » tout d’abord. Comment ne pas être consterné par cette publication ? Certes il est incontestable que Danièle Obono incarne à la perfection un courant politique qui a fait de l’esclavage un levier de chantage pour justifier des positions que nous qualifierons par commodité « d’indigénistes et décoloniales« . Certes ce passé abominable, où l’Occident a une responsabilité particulière, est instrumentalisé pour justifier une vision raciale et bien souvent raciste de la question sociale. Pour autant, même si le texte n’est en lui-même pas bien méchant, il est détestable de représenter Danièle Obono, député de la République française, en esclave africaine. Imagine-t-on un journal qui représenterait Meyer Habib (tout aussi parlementaire et utilisateur régulier de l’histoire de la Shoah pour justifier son soutien militant à l’État d’Israël) en costume rayé de déporté entre les barbelés d’Auschwitz ? Pour moi, les deux ne sont pas moralement admissibles. Les responsables du magazine n’ont-ils pas vu le piège dans lequel ils tombaient à pieds joints ? Alors même que leur couverture cette semaine portait sur le thème de l’insécurité, question politique qui vient d’exploser à la face du camp du bien ? Comment ont-ils pu favoriser à ce point une pure opération de diversion ? N’était-ce pas prévisible ? L’information politique majeure du week-end est ainsi passée sous la table : la publication d’une étude d’opinion qui fait état d’une progression de 26 points dans l’opinion publique de la lutte contre l’insécurité comme premier impératif politique. Traiter prioritairement et grossièrement à ce moment-là, la question complètement secondaire de la participation des royaumes africains à la traite, témoigne du fait que le surmoi est capable de prendre le dessus sur la lucidité politique de base.
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