Comme d’autres politiciens avant lui, François de Rugy se drape dans l’excuse du complot

François De Rugy n’en finit plus de parler de « vengeance politique » et de « cabale médiatique » pour expliquer l’affaire éponyme et sa démission du gouvernement.

Comme lui, de nombreux politiques se sont déjà dits victimes d’un complot​. Mais pourquoi les politiques ont-ils recours cette rhétorique pour se défendre ? 20 Minutesa interviewé Cécile Delozier, autrice de Victoire, stratégie d’une campagne réussie et experte en prise de paroles auprès des élus.

Se réfugier derrière un complot contre soi, est-ce une manœuvre assez récente ou au contraire est ce que cela remonte au début de la politique ?

L’idée de se victimiser et de se sentir persécuté n’est pas propre à notre époque. Ce qui change, c’est que le sentiment de persécution est accru par les réseaux sociaux et la circulation ultrarapide de l’information, où les accusations sont plus rapides et multiples.

Justement, à l’heure du fantasme du leader providentiel, n’est-ce pas paradoxal de vouloir se la jouer victime ?

Il faut bien comprendre que quand on arrive à cet état de désespoir, cela indique qu’on est un peu en perdition. Psychologiquement, se victimiser, c’est rentrer dans le pathos, l’émotionnel, l’irrationnel, il ne s’agit plus de faits mais de manigance et de vengeance. On incarne un grand drame Shakespearien. Evoquer des points faibles, cela permet néanmoins d’invoquer leur part d’humanité, de susciter de l’empathie.