Acte XII : les violences policières dans le viseur



Les gilets jaunes se mobilisent ce samedi pour leurs «gueules cassées». La veille, le Conseil d’Etat a rejeté la demande de suspension des lanceurs de balles de défense.

Un « acte XII» sous le signe des «gueules cassées» et de la dénonciation des violences policières. Avec la triplette Eric Drouet-Priscillia Ludosky-Maxime Nicolle, dont les liens s’étaient distendus ces dernières semaines, de nouveau réunie ce samedi à Paris. «Il faut qu’on avance et qu’on continue sur notre première pensée : le mouvement. Il faut qu’on arrête de se séparer parce qu’on n’a pas les mêmes idées», a lancé le premier sur YouTube.

Samedi dernier, le ministère de l’Intérieur avait dénombré 69 000 gilets jaunes mobilisés, 15 000 de moins que la semaine précédente. Pour poursuivre la mobilisation, la CGT appelle à une «grève générale» mardi – un appel notamment relayé par Eric Drouet, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot (NPA) et le PCF.

Le Conseil d’Etat valide l’usage des LBD

Plus de 9 200 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) ont été recensés par le ministère de l’Intérieur depuis le début du mouvement, en novembre. Saisi en urgence par la Ligue des droits de l’homme (LDH) et la CGT, alors que les blessés par LBD se sont multipliés, le Conseil d’Etat a refusé vendredi de suspendre leur usage pour le maintien de l’ordre, estimant que le risque de violences rendait «nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes».

«Arme mutilante», doute sur les «conditions légales d’utilisation», «formation insuffisante» : les arguments des anti-LBD ont été balayés par la plus haute juridiction administrative. «Il est regrettable que le Conseil d’Etat constate la gravité des blessures et n’en tire aucune conclusion immédiate», a réagi Me Patrice Spinosi, pour la LDH.

«Le Conseil admet qu’il n’est pas établi, aujourd’hui, que les victimes « se trouvaient dans une situation justifiant cet usage »», veut pour sa part retenir Me Hervé Gerbi, l’avocat de plusieurs victimes. Soulignant que la responsabilité personnelle des agents et de leurs supérieurs est plus que jamais engagée. «Cette décision me surprend. Je suis quand même le vingtième œil qui tombe dans ce mouvement. C’est aberrant, incompréhensible», a pour sa part lancé Jérôme Rodrigues, figure des gilets jaunes blessée samedi dernier à Paris (lire aussi page 36).

L’exécutif défend les forces de l’ordre

Interrogé par Libé à la veille de la décision du Conseil d’Etat, Macron avait jugé «difficile de trancher à chaud», sans prétendre «purger» un débat qui doit, selon lui, se tenir. Cesser d’utiliser le LBD ? Ce serait«une drôle de responsabilité» au moment où des gens «viennent pour tuer» dans ces manifestations du samedi, que le chef de l’Etat considère comme étant d’abord le fait de plusieurs dizaines de milliers de militants de l’extrême gauche violente et de l’ultradroite brutale.

Vendredi, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a réaffirmé combien les forces de l’ordre faisaient un usage proportionné des LBD : «Ce sont des personnels formés, habilités. Ils le font quand il y a des agressions, quand il y a des attaques.» Saluant une «sage décision», Frédéric Lagache, du syndicat de policiers Alliance (situé à droite), a affirmé, à l’instar du ministre Castaner, que sans cette arme non létale, le risque serait, «compte tenu de la violence de certains casseurs, de voir des fonctionnaires de police contraints d’utiliser leur arme de service en légitime défense».

Sur les 116 enquêtes ouvertes par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) après des plaintes de manifestants, plus du tiers viseraient à déterminer si le LBD est en cause. Selon le comptage du journaliste David Dufresne, 14 personnes ont été éborgnées par cette arme jugée «dangereuse» par le Défenseur des droits et que de nombreux pays européens n’utilisent pas pour le maintien de l’ordre, et avec laquelle le tireur n’est censé viser que le torse ou les membres.

La blessure de Jérôme Rodrigues, atteint à l’œil samedi dernier place de la Bastille par l’éclat d’une grenade de désencerclement ou par un tir de LBD (il appartiendra à l’IGPN et à la justice de le déterminer), a placé le débat sur l’usage de la force par la police au même niveau que celui sur la loi anticasseurs examinée cette semaine à l’Assemblée. Plusieurs initiatives prises par des médecins pour dénoncer les dégâts physiques causés par les tirs de LBD ont aussi vu le jour. «Extrêmement déçus» par la décision du Conseil d’Etat, les requérants ont aussitôt annoncé le dépôt d’un nouveau recours – au fond et non plus en urgence. Il sera examiné dans plusieurs mois.

Hommages aux «gueules cassées»

Sur son groupe Facebook «La France en colère !!!», Eric Drouet a lancé un appel à la mobilisation samedi dernier, alors que Jérôme Rodrigues, un proche, était encore hospitalisé. Intitulé «Acte 12 L’ImPaCt !», il réunissait vendredi plus de 10 000 personnes intéressées et 2 500 participants potentiels autour de trois mots d’ordre : «Justice pour les blessés, hommage aux victimes, interdiction des grenades et du Flash-Ball (sic).» Devenu un symbole, Rodrigues parle désormais de «blessures de guerre» : «Il y a eu 14-18 et aujourd’hui on va faire quoi ? Les nouvelles gueules cassées de 2018 et 2019 ?»

Source liberation.fr – lire la suite de l’article

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