Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a accordé un entretien au Parisien ce 7 février, dans lequel il revient notamment sur les polémiques autour de la loi anticasseurs, votée par l’Assemblée nationale le 5 février mais contestée jusque dans les rangs de la majorité, dont 50 députés se sont abstenus.
S’il concède qu’il y a eu «des inquiétudes», le ministre de l’Intérieur assure que la pédagogie et les discussions suffiront à les lever. «Je suis profondément convaincu que cette loi n’est pas liberticide», martèle-t-il, rappelant qu’elle prévoit qu’un préfet puisse interdire à une personne dont le comportement a gravement troublé l’ordre public à une manifestation de venir à la suivante, sur la base de constats établis.
Selon Christophe Castaner, l’incompréhension autour de la loi provient avant tout d’une polarisation politique qu’il entend vouloir dépasser. «Il faut dépasser les clichés sur les questions de sécurité consistant à dire « on est liberticide quand on est de droite », « laxiste quand on est de gauche »», explique-t-il.
«C’est une des rares fois dans l’histoire récente qu’un gouvernement travaille sur une proposition de loi venant d’un groupe d’opposition», se félicite le ministre. C’est en effet le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau qui est à l’origine du texte.
Le ministre se veut rassurant, rappelant que possibilité sera laissée au juge de valider ou de refuser l’interdiction prononcée par l’autorité exécutive. «Il s’agit simplement d’interdire à des brutes de casser», assure-t-il encore.
Le texte, qui a soulevé de nombreuses critiques ces dernières semaines, a été voté par 387 voix contre 92. La grande majorité des députés LREM et MoDem, ainsi que des LR et UDI ont voté pour, l’ensemble de la gauche s’est prononcé contre. Le texte sera examiné au Sénat en deuxième lecture le 12 mars, le gouvernement souhaitant une adoption définitive rapide dans le contexte des manifestations récurrentes des Gilets jaunes.