Grand débat, ces villes qui traînent des pieds



Alors que le Grand débat national est censé faire appel aux contributions de tous les Français pour mettre un terme à la crise des Gilets jaunes, les habitants de trois des dix plus grandes villes de France n’ont pas accès aux informations concernant l’organisation et le déroulement du Grand débat. Explications de ce constat fait par Sputnik.

«On ne s’est pas donné d’objectifs quantitatifs en nombre de réunions, mais c’est important que le maximum de Français participent», déclarait le 21 janvier dernier sur FranceInfo Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat en charge de l’animation du Grand débat national.

Une semaine après son coup d’envoi officiel, les citoyens de France ne sont pas tous égaux face au Grand débat national. En dépit de l’importance que revêt pour le gouvernement la participation des Français à cette concertation qui se veut extraordinaire, certaines villes peinent à suivre.

L’organisation de la concertation a été largement déléguée aux maires, ce qui ne pose pas de grande difficulté dans les petites communes, où le maire et ses administrés se côtoient. Pour les grandes agglomérations, en revanche, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Sputnik s’est interrogé sur l’accès à l’information concernant le Grand débat, ainsi que sur les modalités de son organisation dans les dix plus grandes villes de France: il en ressort que toutes ne sont pas égales face à la concertation nationale imaginée par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des Gilets jaunes. En effet, environ un tiers des villes promeut activement le Grand débat, un second tiers assure le service minimum et le dernier tiers ne communique pas dessus.

À Bordeaux, Toulouse et Marseille, la mairie a pris les devants et consacre, sur la page d’accueil de son site Web, un espace au Grand débat national, dans lequel elle explique les différentes façons de participer avec plus ou moins de détails.
Ainsi, conformément aux directives du Président de la République, Alain Juppé, maire de Bordeaux et proche du Premier ministre, a mis à disposition de ses administrés des cahiers de doléance, sans toutefois aller jusqu’à organiser de réels débats. À Marseille, l’élu Les Républicains Jean-Claude Gaudin l’a imité, même s’il a tenu à attribuer la responsabilité de la concertation à l’Etat :

« Je suis évidemment favorable au renforcement de l’expression citoyenne et de la vie démocratique. Toutefois, la mise en place locale et la réussite du grand débat national relèvent du cadre d’organisation à définir par le gouvernement qui devra, par ailleurs, en assumer la totale responsabilité », a déclaré le maire de Marseille.

Egalement membre des Républicains, le maire de Toulouse a quant à lui été au-delà des directives gouvernementales pour l’organisation du Grand débat en distribuant «en plus des outils déployés par l’Etat, des formulaires d’expression libre», dont il fait la promotion sur le site de la mairie.

Si les trois plus grandes villes du Sud du pays ont été promptes à modifier leur site Internet pour diffuser auprès de leurs administrés les informations pertinentes pour qu’ils puissent participer au Grand débat national — à savoir la durée de la concertation, les lieux où sont disponibles les cahiers de doléance, ceux où seront présents les stands de proximité et, en théorie, les débats prévus au niveau local —, elles sont bien les seules parmi les dix plus grandes villes de France.
Pour ce qui est de Paris, aucune mention du Grand débat national sur la page d’accueil, mais un peu de persévérance permet tout de même d’obtenir les informations souhaitées. Une rapide recherche sur le site permet en effet d’en savoir plus sur la disponibilité des cahiers de doléance, qu’ils soient mobiles ou en mairie, de partager ses idées sur une plateforme dédiée, de devenir «volontaire des débats» afin d’organiser des tables rondes et même de s’inscrire à des évènements en lien avec la concertation nationale, comme les «12 heures d’expression libre» ou les «conférences de consensus».

À l’instar de la capitale, les villes de Lille, de Nantes et de Montpellier ont diffusé les informations relatives à l’organisation et au déroulement du Grand débat sur leur site Internet sans les promouvoir sur la page d’accueil.

Un phénomène qui peut sembler anodin, mais qui pourrait avoir une signification plus profonde. En effet, les maires de ces quatre villes sont ou ont été membres du Parti socialiste. Anne Hidalgo, Martine Aubry et Johanna Roland incarnent différents courants de la gauche, pourtant leurs mairies ont adopté la même attitude vis-à-vis de la concertation d’Emmanuel Macron. De là à y voir une ligne du PS concernant le Grand débat national? Contactées par Sputnik, aucune des équipes municipales n’a pour l’heure souhaité s’exprimer sur le sujet.

Le cas de Montpellier est un peu plus intriguant puisque son maire, Philippe Saurel, est certes un ancien du PS, mais il a fait partie de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron et dirige la ville avec le soutien des écologistes et d’une liste citoyenne.

Source sputniknews.com – lire la suite de l’article

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