Theresa May doit redescendre dans l’arène de la Chambre des communes, lundi après-midi, pour y présenter de nouvelles propositions, après le fiasco à faire ratifier son accord de sortie de l’Union européenne mardi dernier. Il ne faut pas trop compter cependant sur la résolution finale de mois de conflits entre factions britanniques sur le Brexit. Plutôt qu’un «plan B» qui constituerait un tournant, la première ministre s’accroche à son accord, qu’elle cherche coûte que coûte à sauver, comme elle l’a expliqué à ses ministres dimanche en conférence téléphonique.
Il y a peu de chances qu’à Dublin, comme à Bruxelles, on accepte cette tentative de faire d’une question essentielle pour la future frontière extérieure de l’UE avec le Royaume-uni, un problème local
Elle va tenter de contourner l’obstacle du «backstop», cette mesure controversée envisageant le maintien dans une union douanière avec l’UE pour résoudre le casse-tête de la frontière irlandaise tant qu’un futur traité de libre-échange ne sera pas conclu. Elle pourrait proposer de supprimer cette clause qui déplaît tant de l’accord de sortie, pour la remplacer par un accord bilatéral avec l’Irlande, selon leSunday Times.
Or il y a peu de chances qu’à Dublin, comme à Bruxelles, on accepte cette tentative de faire d’une question essentielle pour la future frontière extérieure de l’UE avec la Grande-Bretagne, un problème local. «L’Irlande négocie en commun avec 27 nations européennes», souligne le ministère des affaires étrangères de Dublin.
Les députés sont censés voter mardi 29 janvier sur une nouvelle solution, à laquelle ils pourront déposer les amendements qu’ils souhaitent. Un bras de fer s’engage donc d’ici là entre Theresa May et les parlementaires qui vont chercher à lui reprendre l’initiative pour déterminer le cours du Brexit. Son lointain prédécesseur tory John Major lui a, d’ailleurs, conseillé de se mettre en retrait pour se contenter d’un rôle d’arbitre. Les élus veulent procéder par élimination pour exclure des options afin de réduire les choix et avancer vers un consensus acceptable.
«Les députés qui font leur travail ne sont pas des conspirateurs. Ils essaient de trouver une solution à la pagaille créée par la première ministre»
Plusieurs d’entre eux, menés par le frondeur en série conservateur Dominic Grieve, veulent suspendre l’article 50 des traités de l’UE fixant la sortie britannique au 29 mars, pour mettre le processus en pause. Un autre groupe d’élus transpartisan, dont le vétéran tory Nicholas Soames, cherche à écarter formellement l’éventualité d’une sortie sans accord. Il tente de pousser vers un Brexit «soft», avec maintien dans l’union douanière européenne. Une vingtaine de ministres soutiendrait cette option. Downing Street juge «extrêmement inquiétantes» ces initiatives, qualifiées de «complots» par la presse.
«Les députés qui font leur travail ne sont pas des conspirateurs. Ils essaient de trouver une solution à la pagaille créée par la première ministre », rétorque le travailliste Hilary Benn, président de la commission parlementaire sur le Brexit.