La situation est d’autant plus « grave » pour Christophe Marguet, chef de service au CHU de Rouen, que « l’hôpital public est le seul recours en médecine pédiatrique ».
Le Collectif inter-hôpitaux (CIH) sonne l’alarme. « Des enfants en situation d’urgence ne peuvent plus être pris en charge par les services compétents », a dénoncé cette organisation de soignants, jeudi 28 octobre.
« Les difficultés que nous rencontrons actuellement sont totalement inédites », a déclaré Oanez Ackermann, du service d’hépatologie pédiatrique du centre hospitalo-universitaire (CHU) Bicêtre (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), dont 10 lits sur 24 sont aujourd’hui fermés. « En ce mois d’octobre, nous n’avons pas pu accueillir cinq enfants en situation d’urgence vitale » et nous avons dû annuler « 25 hospitalisations programmées depuis plusieurs mois », a détaillé la pédiatre lors d’une conférence de presse organisée par le CIH et rediffusée sur YouTube.
« Perte de chance »
« C’est du tri », a affirmé Véronique Hentgen, pédiatre au centre hospitalier de Versailles, évoquant le report d’une chirurgie pour une infection ganglionnaire, la non-hospitalisation d’un enfant nécessitant un électroencéphalogramme pendant vingt-quatre heures, d’un autre souffrant de douleurs articulaires ou encore l’impossibilité de poser des pompes à insuline « car il n’y a plus de place d’hospitalisation ». « Nous sommes donc aujourd’hui à la croisée de deux chemins : soit le politique décide d’abandonner l’hôpital public, soit il prend enfin le problème à bras-le-corps et engage une réforme de fond (financement, recrutement, gouvernance) qui garantira un accès aux soins pour tous de qualité », a jugé Mme Hentgen.
La situation est d’autant plus « grave » pour Christophe Marguet, chef de service au CHU de Rouen, que « l’hôpital public est le seul recours en médecine pédiatrique ». « A terme, on constate une perte de chance pour l’enfant qui a besoin de soins, pour les parents confrontés à la maladie chronique, et un épuisement des soignants », a expliqué Isabelle Desguerre, chef du service de neuropédiatrie à l’hôpital Necker-Enfants malades.
Elisabeth Ouss, pédopsychiatre au sein du même établissement, a fait état de « conditions inéthiques, suscitant une charge mentale, une responsabilité terrible, qui ne suscitent pas de vocations et contribuent à éloigner de l’hôpital de jeunes praticiens ». Laurent Rubinstein, infirmier aux urgences et en réanimation, dit arriver à l’hôpital « la boule au ventre car [les soignants] ne sav[ent] pas s’[ils sont] en nombre suffisant ».