Depuis le 28 avril, les mouvements sociaux et la jeunesse protestent dans la rue contre la politique du président Duque, malgré une répression féroce de la police qui a fait plusieurs dizaines de morts.
Un pouvoir dans l’aveuglement et le mépris, une étincelle, et c’est l’explosion sociale : depuis deux semaines, la Colombie est en éruption. Fin avril, le président Ivan Duque (droite conservatrice) présentait le projet d’augmenter les impôts et les taxes sur les services publiques afin de regonfler le budget de l’État, déprimé par une crise économique aggravée par la pandémie de covid. Alors que le pays s’épuise dans cette lutte, avec une mortalité équivalente à celle de la France, les experts avaient pourtant averti du risque politique d’une telle mesure à ce moment, pour un Duque dont la cote de popularité est tombée à 33 %. Enfermé dans sa bulle depuis des mois, il a passé outre. Alors que la crise sanitaire a augmenté le taux de pauvreté de plus de 40 %, avec désormais 7 millions de personnes en situation de « pauvreté absolue » (pour 50 millions d’habitant·es), et porté le chômage à près de 17 % (contre 10 % en 2019), la réforme se proposait de ponctionner jusqu’aux plus basses couches de la classe moyenne, tout en épargnant largement les hauts revenus ainsi que les grandes entreprises, parfois grassement enrichie par la crise.
En grève aussi contre les violences policières
Le 28 avril, les centrales syndicales frappaient forts, lançant un mouvement de grève nationale dans tout le pays. Elles ont été suivies par des mouvements autochtones et issus du milieu de l’éducation, de la santé, etc., ainsi que des jeunes en nombre. Quatre jours plus tard, Duque retirait son projet. Mais le geste n’a pourtant pas stoppé la mécanique de la colère sociale.