Le plastique empoisonne la terre, les océans, et l’ensemble du vivant. Ses microparticules sont omniprésentes, au point que nous en ingérons quotidiennement. Et pourtant, montre l’enquête de Dorothée Moisan, les patrons de cette industrie se battront jusqu’au bout pour leurs profits.
Saviez-vous qu’un sachet de thé en plastique infusé dans l’eau à 95 °C relâche près de 11,6 milliards de microplastiques et 3,1 milliards de nanoplastiques dans une simple tasse ? Que nous ingérons chaque semaine cinq grammes de matières plastiques, soit l’équivalent d’une carte de crédit ? Ou encore qu’en 2020, la production, l’élimination et l’incinération de matières plastiques avaient rejeté autant de gaz à effet de serre que 189 centrales à charbon, et qu’au rythme de croissance de cette industrie, ces émissions devraient équivaloir à celles de 619 centrales en 2050 ?
Les Plastiqueurs. Enquête sur ces industriels qui nous empoisonnent (éd. Kero) regorge de telles joyeusetés. Dans cette enquête approfondie, la journaliste Dorothée Moisan brosse un panorama de l’industrie plastique — les fameux « plastiqueurs » —, allant de ses impacts sanitaires et environnementaux à ses projets d’adaptation à la transition écologique, en passant surtout par ses manœuvres retorses pour défendre ses intérêts, quoi qu’il en coûte au vivant. Car, comme son retour en grâce avec la pandémie de Covid-19 l’aura montré, « le plastique n’est pas mort. Il n’est même pas en fin de vie. Il bouge plus que jamais. »
« Un tueur silencieux »
Pour qualifier l’action des plastiqueurs sur la planète, Dorothée Moisan use d’une autre expression, aussi juste que glaçante : l’industrie du plastique agit comme « un tueur silencieux ». Tueur, car on ne compte plus les ravages de cette industrie. Si l’opinion publique s’est depuis longtemps focalisée sur le fameux « océan de plastique », elle oublie que les gyres où tourbillonnent ces déchets ne représentent qu’une infirme portion émergée de l’iceberg. Pris dans leur globalité, ce sont « 99 % des plastiques qui atteignent les côtes qui deviennent ensuite invisibles ». À trop nous concentrer sur quelques phénomènes surmédiatisés, on ne voit plus l’empoisonnement systématique de la planète et de ses habitants par le plastique.
Et pour cause : depuis des années, les plastiqueurs ont sciemment fabriqué du doute sur toute étude les mettant en cause. À la force de ses lobbyistes et de subventions à des recherches n’incriminant pas les plastiques, les plastiqueurs ont réussi, comme l’industrie du tabac avant eux, à échapper aux réglementations politiques contraignantes.Et en l’absence de consensus médical, la bureaucratie européenne ne peut réglementer son usage. Tout ça étant bien évidemment impossible concernant les traitements précoces du Covid ou les vaccins, qui comme chacun sait sont des sujets de science pure et parfaite, sans aucun intérêt privé, où le consensus est… Lire la suite »