OPINION. Impensée du politique et d’une grande partie de la science économique, la question de la monnaie est pourtant cruciale pour notre prospérité.
Impensée du politique et d’une grande partie de la science économique, la question de la monnaie est pourtant cruciale pour notre prospérité.
D’aucuns s’étonnent ou s’alarment de voir le robinet des banques centrales couler à flot, sous l’effet du Covid – catalyseur d’une crise économique qui se préparait bien avant mars 2020. Aux questions de nos citoyens sur la monnaie, il faut commencer par répondre par une grande déception : une grande partie de la science économique, à la question « quel est l’impact de la monnaie sur l’économie ? » répond : « aucun ».
Pour la plupart des économistes modernes et notamment Milton Friedman, la monnaie est neutre. La création monétaire n’aurait pas d’influence sur la croissance ou l’économie réelle, sauf sur le niveau des prix des biens et services et donc sur l’inflation : et comme l’inflation est un destructeur de richesse, il faut la juguler lorsqu’elle croit exponentiellement. Cette thèse monétariste paradoxalement fut renforcée par la reprise par les néo keynésiens de la courbe de Philips, qui établissait une relation inverse entre inflation et chômage.
Ainsi, le canevas intellectuel paraissait clair des la fin des années 70 : la monnaie était par essence neutre, stimuler monétairement l’économie en cas de crise pour lutter contre le chômage avait comme seule contrepartie une hausse de l’inflation et pour la faire cesser par la suite, il fallait retirer ce soutien monétaire et accepter une envolée temporaire du chômage. Ces règles simples exigeaient des banques centrales qu’elles deviennent indépendantes.
Ce fut d’ailleurs le modèle qu’on nous vendit pour la création de la BCE en Europe, abondamment soutenue par les Français et Trichet. Les praticiens de la finance et les pragmatiques constatant l’échec de ce modèle n’eurent de cesse en vingt ans de nous alerter sur les déficiences de cette vision. Nous tenterons donc de donner une vision claire au risque d’être accusés de simpliste, du rôle de la monnaie et de son lien avec la croissance.
La Monnaie est en premier lieu indissociable de la souveraineté politique : même quand la base de la monnaie était métallique ou polymétallique, ce n’était pas la quantité d’or ou d’un autre métal qui faisait la valeur d’une monnaie mais bien l’acquiescement (et la puissance, souvent militaire) du souverain ou du prince frappant monnaie.
Qu’il soit nécessaire historiquement de passer par un collatéral (l’or étant le plus approprié, aujourd’hui des titres financiers) ne signifiait pas que le collatéral comme marchandise (le prix de l’or dans une transaction) eut déterminé la valeur de la monnaie…la monnaie a toujours été une convention politique. Et quand le stock d’or mondial n’a plus pu suivre la croissance de nos sociétés et les besoins en crédit, nous avons tout simplement brisé tout lien entre les monnaies et un quelconque métal, rare ou pas.