En temps de covid, il y a des choses avec lesquelles on ne rigole pas. Le ski, par exemple. Face à l’imminence d’un foyer d’infection menaçant de débouler dans la France profonde comme une avalanche de saison, le Président de la République a pris les bâtons en mains, enfilé la doudoune de saison, chaussé les chaussures de circonstance, et descendu la piste noire du champion toutes catégories pour dénoncer l’endroit d’où peut venir la prochaine contamination : le tire-fesses d’un pays européen qui, au prix d’une concurrence déloyale violant l’esprit des traités européens, pourrait essayer d’attirer le touriste français privé de neige tricolore à Noël.
Cela doit concerner trois péquins venus des beaux quartiers, mais peu importe. Il fallait marquer le coup, montrer que le sens de l’autorité publique n’avait pas disparu, que le chef de l’État était encore à son poste, et qu’en attendant de demander à Gérald Darmanin de surveiller les frontières, la République n’était pas un bonhomme de neige sur lequel on pouvait s’exercer au tir de boules blanches.
COURAGE, SOUFFLE ET BONNE CONDITION PHYSIQUE
On a donc entendu le Président expliquer devant la presse que le gouvernement n’hésiterait pas à prendre des « mesures restrictives et dissuasives » pour empêcher les mauvais citoyens d’aller skier à l’étranger et saboter ainsi les stations françaises, lesquelles le sont déjà à cause du confinement, mais ça c’est un autre problème. Comme l’a déjà expliqué le Premier ministre Jean Castex, si les remontées mécaniques sont fermées, les stations, elles, ne le sont pas.
On peut donc, si on le veut, monter à pied en haut des deux Alpes avec sa paire de ski sur l’épaule, et ensuite descendre tout schuss, avant de recommencer l’opération jusqu’à épuisement. C’est quand même moins risqué que le sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam au large du cap de Bonne Espérance. Il faut juste du courage, du souffle et une bonne condition physique.