EN IMAGES – Le navire néerlandais le Sea-Watch 3 a accosté de force dans la nuit de vendredi à samedi dans le port de Lampedusa en Italie. Sa jeune capitaine Carola Rackete a été arrêtée, avant que ne débarquent 42 migrants bloqués à bord depuis 17 jours.
Elle a osé défier le ministre de l’Intérieur italien d’extrême droite, Matteo Salvini. Carola Rackete, la capitaine du navire humanitaire le Sea-Watch 3 qui a secouru des dizaines de migrants en Méditéranée début juin, a accosté de force tôt samedi 29 juin dans le port de Lampedusa en Italie, malgré la présence d’une vedette de police chargée de l’en empêcher. Au bord du navire battant pavillon néerlandais, 42 migrants attendaient depuis 17 jours d’être débarqués.
Après cette arrivée mouvementée, les migrants ont pu débarquer peu après 5h30, certains avec le sourire, d’autres en larmes, alors que le jour se levait, pour être conduits dans le centre d’accueil de l’île. La jeune capitaine allemande de 31 ans, a elle, été arrêtée.
Un peu avant 3h00, la police est en effet montée à bord du Sea-Watch pour arrêter la jeune femme pour résistance et violence envers un navire de guerre ainsi que pour aide à l’immigration clandestine.
Celle qui risque jusqu’à 10 ans de prison selon les médias italiens et une amende de 50.000 euros conformément au décret pris par Salvini est descendue du navire encadré par des agents, sans menottes, avant d’être emmenée en voiture. «Je suis prête à aller en prison pour cela et à me défendre devant les tribunaux s’il le faut parce que ce que nous faisons est juste», a-t-elle affirmé. Sur le quai, des habitants et militants sont venus acclamer l’arrivée du navire, tandis que d’autres ont applaudi l’arrestation aux cris de «Les menottes!», «Honte!», «Va-t’en!». Dans la matinée, Carola Rackete a été placée aux arrêts domiciliaires. Elle doit être entendue par le parquet dans les 48 heures, a expliqué à la presse son avocat, Leonardo Marino, précisant l’avoir trouvée «fatiguée et stressée». «Les raisons humanitaires ne peuvent pas justifier des actes inadmissibles de violence envers ceux qui portent l’uniforme en mer pour la sécurité de tous», a commenté dans les médias le procureur d’Agrigente (Sicile), dont dépend Lampedusa, Luigi Patronaggio.
? Statement of our Captain, #CarolaRackete, before entering Port with the #SeaWatch3.
“We are proud of our captain, she did exactly the right thing. She upheld the law of the sea and brought people to safety. » – #SeaWatch chairman Johannes Bayer pic.twitter.com/lfZ16Pq9F1
— Sea-Watch International (@seawatch_intl) 29 juin 2019
Mardi dernier, Carola Rackete avait donné une interview au quotidien La Repubblica , dans laquelle elle déclarait vouloir forcer le blocus italien. Avant cela, elle avait dit vouloir attendre la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), saisie par l’ONG, afin de prendre des «mesures provisoires» pour recueillir les personnes secourues. Mais la juridiction internationale a refusé mardi d’intervenir, tout en demandant à l’Italie de «continuer de fournir toute assistance nécessaire» aux personnes vulnérables à bord. Fort de ce refus, l’ONG a donc décidé de forcer le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l’Intérieur, mercredi, après avoir été bloquée dans le canal de Sicile durant deux semaines. «J’ai décidé d’entrer dans le port de Lampedusa. Je sais ce que je risque, mais les 42 naufragés à bord sont épuisés. Je les emmène en lieu sûr», avait déclaré sur Twitter la jeune capitaine allemande du navire. Le navire avait dû s’arrêter à un mille en face de Lampedusa et était restait bloqué là depuis, sur ordre de la police. «Ceux qui se foutent des règles doivent en répondre, je le dis aussi à cette emmerdeuse de capitaine du Sea-Watch qui fait de la politique sur la peau des immigrés, payée par on ne sait qui», avait réagi en direct le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini, dans une vidéo sur Facebook.
Polémique et solidarité
Le bateau humanitaire qui appartient à l’ONG allemande du même nom, Sea-Watch, avait secouru le 12 juin dernier 53 migrants à la dérive à bord d’un canot pneumatique au large de la Libye. Enjointe par l’Italie à «faire route vers Tripoli», l’ONG avait assuré qu’il ne s’agissait pas d’un «port sûr». «Il est criminel de renvoyer des gens secourus vers un pays en guerre», s’était indigné l’association. Dans la foulée, Matteo Salvini avait publié un décret ordonnant aux forces de l’ordre de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher l’entrée ou le transit du bateau dans les eaux territoriales. Le navire n’avait alors pas hésité à faire route vers Lampedusa, en désobéissant aux consignes d’une vedette de la guardia di finanzia (police douanière et financière) lui signifiant d’arrêter sa course. Carola Rackete avait justifié son acte par l’état de santé des migrants recueillis tout en soulignant que «leurs vies sont plus importantes que les jeux politiques». Voyant la polémique enfler, Matteo Salvini avait autorisé, le 15 juin, le débarquement de onze personnes jugées vulnérables: enfants, femmes, malades.
On se demande à quoi sert l’Union Européenne. Logiquement lorsque une intrusion d’étrangers menace un pays membre tous ses « alliés » devraient le soutenir et repousser l’envahisseur.. Et dans ce cas d’espèce, le capitaine du bateau de nationalité allemande bafouant la loi de ce pays devrait automatiquement être condamnée par l’Allemagne. J’aurais bien aimé voir le même cas se produire dans les eaux britanniques!!! La réaction eût été tout autre!!! Quand on pense que nous français avons dû accepter pendant des années des camps de fortune à Calais remplis de candidat à l’émigration venus de contrées hors Europe, du simple fait… Lire la suite »
J’espère que les autorités italiennes n’oublieront pas de saborder ce navire au large des côtes. Au moins en temps que récif artificiel il aura prouvé son utilité.