« C’est un renouveau du syndicalisme » : le collectif Inter-urgences, à l’origine de la grève



Les membres du groupe, personnels de cinq services d’urgences de l’AP-HP, jugent les propositions de la ministre de la santé Agnès Buzyn « insatisfaisantes » et appellent à une poursuite du mouvement.

Le gouvernement n’en a pas fini avec la grève dans les services d’accueil des urgences (SAU). Jugeant « insatisfaisantes » les propositions faites il y a quelques jours par la ministre de la santé Agnès Buzyn, le collectif Inter-urgences a officiellement appelé, lundi 17 juin dans la soirée, à l’issue d’assemblées générales dans les 119 établissements mobilisés, à la poursuite du mouvement.

A l’origine de cette grève, dont les syndicats rêvaient depuis des années pour l’ensemble de la fonction publique hospitalière, un groupe d’une vingtaine d’infirmiers et d’aides-soignants issus de cinq services d’urgences de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) du nord-est de la capitale. Agés de 25 à 35 ans, ils ont entre trois à sept ans d’expérience dans un SAU. Ils sont pour la plupart sans appartenance syndicale, et cette grève – qu’ils gèrent via des groupes de discussion WhatsApp – est bien souvent leur premier mouvement social.

Parmi les figures du collectif, Hugo Huon, son président. Depuis 2018, cet infirmier de nuit aux urgences de Lariboisière suit un master économie et gestion de la santé à l’université Paris-Dauphine. Une formation démarrée avec l’idée de pouvoir un jour « négocier » avec les tutelles. Aujourd’hui, trois mois après le début du mouvement, c’est lui qui reçoit les appels en provenance du cabinet de la ministre de la santé. « On a à peine déposé les statuts de notre association qu’on intègre déjà une mission ministérielle », se félicite-t-il après l’invitation faite au collectif de participer à la mission nationale de refondation des urgences qui devra rendre ses conclusions à l’automne.

La médiatisation a permis d’« accélérer les choses »

La place a été conquise de haute lutte ces dernières semaines. Le ministère de la santé a d’abord tardé à prendre conscience du degré de ras-le-bol des paramédicaux travaillant aux urgences. Mme Buzyn a par exemple, dans un premier temps, donné le sentiment de résumer le mouvement à la question de l’insécurité dans quelques hôpitaux parisiens, comme à Saint-Antoine, où tout a commencé le 18 mars.

Le tourbillon médiatique qui a suivi les arrêts de travail simultanés de plusieurs soignants de l’équipe de nuit des urgences de Lariboisière, le 3 juin, a brusquement ramené à l’agenda médiatique et politique une grève qui menaçait de s’enliser.

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