L’union fait la force. Plus de 900 journalistes ont signé une tribune dans Le Monde ce jeudi pour dénoncer le « sexisme systémique qui ronge la profession » et appeler les rédactions à « prendre la mesure de la gravité du cyberharcèlement dont sont victimes les femmes journalistes », dans le sillage de l’affaire de la « ligue du LOL ».
« Aujourd’hui, les cibles de la « ligue du LOL » ne se taisent plus, et nous saluons leur courage. Elles sont devenues les porte-parole d’une profession rongée par un sexisme systémique », affirme cette tribune écrite par Prenons la une, association qui milite pour l’égalité professionnelle dans les rédactions, et l’Association des journalistes lesbiennes, gays, bi et trans (AJL).
Les étudiants se mobilisent
« Car la « ligue du LOLl n’a rien d’une exception. Elle ne concerne pas seulement le petit milieu journalistique parisien mais l’ensemble de la société. Elle illustre la réalité d’une domination masculine fondée sur la cooptation et l’entre-soi entre hommes, blancs et hétérosexuels », poursuit la tribune. Les signataires appellent les directions des rédactions à une « prise de conscience » et demandent à ce que « la cooptation et l’entre-soi, au bénéfice quasiment exclusif d’une seule partie de la population » ne soient plus « les mécanismes d’embauche obligés des journalistes ».
Pour sensibiliser les journalistes et étudiants en journalisme à ces problématiques, les associations rappellent qu’elles proposent des formations sur le traitement médiatique des questions de genre et des minorités sexuelles. Une mesure qu’appellent également de leurs souhaits près de 600 étudiants en journalisme issus de 16 formations, dans une tribune publiée dans Libération.
Un appel des rédactions à lutter contre les discriminations
« La reproduction au sein même des rédactions de mécanismes de domination et d’humiliation régulièrement dénoncés par notre profession nous est insupportable », écrivent ces étudiants, appelant les rédactions et les écoles « à renforcer les dispositifs de lutte contre les discriminations de toutes sortes ».
Ils suggèrent notamment d’instaurer la parité dans le corps enseignant des écoles de journalisme et une meilleure représentation des femmes et des groupes minoritaires dans les instances dirigeantes des médias.
Des journalistes mis en retrait par leurs rédactions
L’affaire de la « ligue du LOL » concerne un groupe d’une trentaine de journalistes et communicants accusés d’avoir cyberharcelé d’autres internautes, notamment des femmes, autour des années 2010, des faits révélés ce week-end après une enquête de Libération. Une petite dizaine d’entre eux, dont des rédacteurs en chef web à Libération et aux Inrockuptibles, ont été suspendus ou se sont mis en retrait de leurs activités.