Avant de devenir présidente de la Commission européenne, elle a été ministre de la défense en Allemagne, où sa réputation est un peu ternie.
Si la roche Tarpéienne est proche du Capitole, Ursula von der Leyen vient de démontrer que l’inverse est également vrai. Autrement dit, rien n’interdit à un dirigeant politique qui semblait proche de la disgrâce de jouir d’un inattendu retour en gloire. Ministre au bilan critiqué, à la probité contestée et à la popularité altérée, celle qui fut jadis considérée comme une prétendante à la succession d’Angela Merkel semblait sur un siège éjectable. La voici, à 60 ans, présidente de la Commission européenne, première femme à accéder à ce poste qui n’avait pas été occupé par un Allemand depuis Walter Hallstein (1958-1967).
En quittant Berlin pour Bruxelles, ville où elle est née et où elle a grandi jusqu’à l’âge de treize ans, à l’époque où son père était haut fonctionnaire européen, Ursula von der Leyen ne revient pas seulement en terrain connu. Fidèle de Mme Merkel, dont elle fut membre de tous les gouvernements depuis 2005, elle quitte aussi une scène politique dont elle a été, pendant quinze ans, l’une des figures les plus médiatiques mais aussi l’une des plus clivantes.
Elue au Parlement de Basse-Saxe en 2003, nommée dans la foulée ministre de la famille de ce Land du nord de l’Allemagne, cette gynécologue de formation a d’abord connu une ascension fulgurante. En 2005, Angela Merkel lui confie ce même portefeuille de la famille dans son premier cabinet. Ursula von der Leyen devient vite l’une des vedettes du nouveau gouvernement, sans craindre de se mettre à dos son propre parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), qui ne tarde pas à trouver cette mère de sept enfants passionnée d’équitation et de musique classique beaucoup trop moderne à son goût.
Bête noire des conservateurs allemands
Création de 500 000 places de crèche, mise en place d’un salaire parental… Ces mesures encourageant les femmes à avoir des enfants sans sacrifier leur vie professionnelle en font la bête noire des conservateurs, qui ne conçoivent pas le destin de la femme allemande hors du triptyque Kinder, Küche, Kirche (enfants, cuisine, église). « Von der Leyen transforme les femmes en machines à faire des enfants », accuse à l’époque l’évêque d’Augsbourg. Le congé parental ? « Un stage pour apprendre aux pères à changer les couches », ironise l’Union chrétienne-sociale (CSU), alliée de la CDU en Bavière.