C’est une histoire d’assassinats commandités via une loge maçonnique à des barbouzes, agents de la DGSE. Digne des meilleurs scenarii de téléfilm, au delà de l’invraisemblable, cette affaire est avant tout un nouveau symbole de la violence patronale qui dépense 75000 euros pour assassiner un travailleur combatif.
Le 24 juillet 2020, le contrôle par la police de deux agents de la DGSE postés à Créteil devant la maison de Marie-Hélène Dini, coach d’entreprise, marque le début du démantèlement d’un présumé réseau d’assassins. L’enquête commence par un hasard, mais finit par déjouer une tentative d’assassinat commanditée par une cheffe d’entreprise sur un de ses employés syndiqués, qu’elle jugeait trop combatif. Sa « phobie », dit-elle, aurait été que Hassan, CGTiste et Gilet jaune, fédère d’autres employés au point que « des syndicats se déclarent […] après on perd l’esprit familial ». Plus qu’un fait divers, cette histoire invraisemblable révèle jusqu’où peut aller la haine de classe du patronat.
Tout commence donc par l’arrestation de ces deux agents de la DGSE, en 2020. Loin d’incarner la fine fleur de l’espionnage, puisqu’ils ne sont que surveillants d’un camp d’entrainement, ils sont néanmoins armés, et équipés de pots de compotes en guise de silencieux. S’ils campent en plein jour devant sa maison, c’est bien parce qu’ils projettent d’assassiner Marie-Hélène, qui est, selon leurs dires aux policiers, une espionne au service du Mossad. En réalité, si elle est visée, c’est parce que son activité concurrence celle d’un autre coach d’entreprise, membre d’une loge dissidente de la franc-maçonnerie, qui s’avèrera être derrière ces mise à prix.
La dizaine d’arrestations qui suivirent tout au long de l’année ont ainsi révélé que cette petite officine versait dans la surveillance, le passage à tabac et jusqu’à l’assassinat, comme ça a pu être le cas de Laurent Pasquali, un pilote automobile disparu mystérieusement en 2018. Ces affaires impliquant notamment ces deux agents de la DGSE, un spécialiste de la sécurité privé, un ancien commandant de la DCRI (aujourd’hui la direction générale de la sécurité intérieure) ainsi que le « vénérable maître » de la loge maçonnique, qui dégotait les contrats parmi ses connaissances toujours selon les dires des protagonistes durant leurs interrogatoires, relatés par Le Parisien.
L’un de ces contrats était l’assassinat de Hassan, un syndicaliste CGT de l’Ain proche des Gilets Jaunes en 2019, que la cheffe d’entreprise aurait jugé « gênant » selon France 3 régions. « On a un mec qui n’arrête pas de nous emmerder et qu’on ne peut pas virer. Parfois j’aimerais bien lui casser la gueule, qu’est-ce qu’il peut nous embêter’ », aurait déclaré la Muriel M., la cheffe d’entreprise, avant de fixer un contrat sur la tête du travailleur d’une valeur de 75 000 euros.