Sorti récemment, le rapport du GIEC était rédigé en anglais et était donc peu accessible aux masses en France. Un résumé du rapport (dont la version complète fait plus de 3000 pages) a cependant été traduit par des bénévoles. Nous le relayons ici pour vous permettre de vous faire une idée.
Note : cette traduction n’est pas officielle : c’est une traduction bénévole et collective. Elle a été faite dans le but de permettre la lecture du rapport au plus grand nombre, avant d’attendre la traduction officielle (dans plusieurs mois). Nous ne sommes pas des traducteurs professionnels, certaines phrases peuvent avoir des tournures lourdes, il peut y avoir des erreurs mais nous avons essayé de garder le sens au mieux possible. Certaines notes de bas de pages n’ont pas été traduites pour l’instant. Cette traduction est publiée sous licence Creative Commons CC-BY-SA 4.0 : vous avez droit de l’utiliser, la copier, la partagez comme vous voulez. Pour l’ensemble du texte officiel en anglais, et si vous avez un doute sur une traduction, voir https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/ (cliquer sur la section « Summary for policymakers »)
N’hésitez pas à nous faire remonter des erreurs en commentaires ou des suggestions d’améliorations de la traduction, elle pourra être améliorée progressivement.
Table des matières :
Introduction
A. La situation climatique actuelle
B. Futurs climatiques possibles
C. Informations climatiques sur l’évaluation des risques et l’adaptation régionale
D. Limiter le changement climatique futur
Introduction
Cette version résumée pour les décideurs présente les résultats clés de la contribution du Groupe de Travail I au sixième Rapport d’Évaluation du GIEC (AR6) des bases scientifiques au changement climatique.
Ce rapport s’appuie lui même sur la contribution de Groupe de Travail I de 2013 dans le cadre du cinquième Rapport d’Évaluation du GIEC (AR5) fait en 2013 ainsi que sur les rapports spéciaux du GIEC de 2018-2019 ; et il intègre de nouvelles preuves et éléments ultérieurs pour la science climatique.
Ce résumé pour décideurs fournit une synthèse assez détaillée de l’interprétation de la situation actuelle du changement climatique, y compris la manière dont le changement se fait et le rôle de l’influence humaine, l’état de la connaissance sur les prévisions futures, des informations sur le climat concernant des régions particulières ou des secteurs particuliers, et la manière dont on pourrait limiter le changement climatique d’origine humaine.
S’appuyant sur des faits scientifiques, les éléments clés peuvent soit être formulés comme des états de faits, soit être associés à un niveau de confiance (un intervalle d’estimation) indiqué, selon le langage calibré du GIEC.
Les explications scientifiques pour chaque résultat peuvent être retrouvées dans les sections du Rapport Complet, et dans les synthèses intégrées présentées dans le Résumé Technique (TS) et seront indiquées dans les parenthèses. (Note : nous n’avons pas recopiés ici tous les renvois au rapport technique) L’Atlas Interactif du Groupe de Travail I du sixième Rapport d’Évaluation facilite la recherche des synthèses clés, et promeut l’information sur le changement climatique dans toutes les régions de références du Groupe de Travail I. (L’Atlas interactif est disponible en ligne ici : https://interactive-atlas.ipcc.ch )
A. La situation climatique actuelle
Depuis le cinquième Rapport d’Évaluation (AR5), des améliorations sur la manière d’observer et d’évaluer ainsi que de nouvelles informations grâce aux archives paléo-climatiques permettent d’avoir une vision exhaustive de chaque élément du système climatique et de son évolution jusqu’à aujourd’hui. De nouveaux modèles de simulations climatiques, de nouvelles analyses, de nouvelles méthodes combinent différentes formes de preuves permettant d’améliorer la compréhension de l’influence humaine sur un éventail plus large de variables climatiques, notamment la météo et les climat extrêmes. Les périodes temporelles considérées dans cette Section dépendent de la disponibilité des données observées, des archives paléoclimatiques et des études scientifiques.
A.1 Sans équivoque, l’influence humaine a réchauffé la planète, les océans et les terres. L’atmosphère, l’océan, la cryosphère et la biosphère ont été soumis à des changements rapides et de grande ampleur.
A.1.1 Les hausses observées de la concentration de gaz à effets de serre (GES) depuis 1750 environ sont causées par l’activité humaine, sans équivoque. Depuis 2011 (dates des mesures reportées dans l’AR5) les concentrations ont continué d’augmenter dans l’atmosphère, atteignant des moyennes annuelles de 410 ppm pour le dioxyde de carbone (CO2), 1866 ppb pour le méthane (CH4), et 332 ppb pour le protoxyde d’Azote (N2O) en 2019. Les terres et océans ont connu une augmentation quasi constante en proportion (d’environ 56 % par an) des émissions de CO2 en raison des activités humaines sur les six dernières décennies, avec des différences selon les régions (fiabilité forte).
A.1.2 Chacune des quatre dernières décennies a été à chaque fois la décennie la plus chaude sans précédent depuis 1850. La température de la surface de la planète dans les deux premières décennies du 21ème siècle (2001-2020) était O.99 [0.84-1.10] ° C plus élevée en 2011-2020 qu’en 1850-1900, avec de plus grandes hausses sur les terres (1.59 [1.34 – 1.83] °C) que dans les océans (0.88 [0.68 à 1.01] °C). L’augmentation de l’estimation de la température mondiale par rapport AR5 est principalement dû à des réchauffements supplémentaires depuis la période 2003-2012 (+0.19 [0.16 à 0.22] °C). A cela s’ajoute les avancées méthodologiques et de nouvelles données qui ont contribué à l’ajout d’environ 0.1ºC dans la nouvelle estimation du réchauffement dans l’AR6.
A.1.3. L’étendue vraisemblable de l’ensemble du réchauffement climatique sur la surface mondiale causée par l’activité humaine entre 1850–1900 et 2010–2019 est de 0.8°C à 1.3°C, avec 1.07°C comme estimation la plus sûre. Sur cette période, il est probable que les GES ont contribué à un réchauffement de 1.0°C à 2.0°C, que d’autres facteurs humains (principalement les aérosols) ont contribué à un rafraîchissement de 0.0°C à 0.8°C, que des facteurs naturels ont contribué à une variation de la température mondiale entre –0.1°C et 0.1°C, et que la variabilité interne naturelle au système climatique ait contribué entre –0.2°C et 0.2°C. Il est très probable que les GES aient été le facteur principal du réchauffement atmosphérique depuis 1979, et extrêmement probable que la diminution de la couche d’ozone était le principal facteur de rafraîchissement de la stratosphère entre 1979 et le milieu des années 90. (Figure SPM.2)
A.1.4 Les moyennes mondiales des précipitations sur les terres ont probablement augmenté depuis 1950, avec une accélération du taux de l’augmentation depuis les années 1980 (fiabilité moyenne). Il est probable que l’influence humaine ait contribué à la variation observée dans les précipitations depuis le milieu du 20ème siècle, et il est extrêmement probable que l’influence humaine ait contribué aux changements observés dans la salinité de la zone de surface de l’océan. Les trajectoires des tempêtes dans les latitudes moyennes ont légèrement déviées vers les pôles dans les deux hémisphères depuis les années 1980, avec des caractères saisonniers dans les tendances (fiabilité moyenne). Dans l’hémisphère Sud, l’influence humaine a très probablement contribué à la déviation vers le pôle du courant-jet extratropical (nom d’un courant aérien) dans l’été austral.
A.1.5 L’influence humaine est probablement le facteur principal du recul mondial des glaciers depuis les années 1990 et de la fonte de la banquise en Arctique entre 1979–1988 et 2010–2019 (environ 40% en Septembre et environ 10% en Mars). Il n’y a pas de tendance significative dans l’étendue de la banquise entre 1979 et 2020 en raison de tendances régionales opposées et de larges variabilités internes. L’influence humaine a très probablement contribué à la baisse des couvertures de neige printanière depuis 1950. Il est très probable que l’influence humaine ait contribué à la fonte des surfaces observée de la calotte glaciaire du Groenland dans les deux dernières décennies, en revanche, il y a assez peu de preuves, avec un consensus limité, de l’influence humaine dans la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique.
A.1.6. Il est pratiquement certain que la couche océanique supérieure (0-700m) se soit réchauffée depuis les années 1970 et il est extrêmement probable que l’influence humaine en soit le principal facteur. Il est pratiquement certain que les émissions de CO2 d’origine humaine sont le facteur principal de l’acidification mondiale actuelle des surfaces des océans. Il y a une certitude élevée que les niveaux d’oxygène ont chuté dans plusieurs régions océaniques en surface depuis le milieu du 20ème siècle, et une certitude moyenne que l’influence humaine aie contribué à cette chute.
A.1.7. Le niveau moyen de la mer a augmenté de 0.20 [0.15 à 0.25]m entre 1901 et 2018. Le taux moyen de l’augmentation du niveau des mers était de 1.3 [0.6 – 2.1] mm par an entre 1901 et 1971, augmentant de 1.9 [0.8 – 2.9] mm par an entre 1971 et 2006, et augmentant encore ensuite de 3.7 [3.2 to 4.2] mm par an entre 2006 et 2018 (fiabilité forte). L’influence humaine était probablement le facteur principal de ces augmentations depuis au moins 1971.
A.1.8. Les changements dans la biosphère terrestre depuis 1970 sont cohérents avec le réchauffement climatique : les aires climatiques ont dévié vers les pôles dans les deux hémisphères, et les saisons de croissance de la végétation ont en moyenne été allongées d’un jour ou deux par décennie depuis les années 1950 dans les zones extratropiques de l’hémisphère Nord.
« L’influence humaine » a causé ceci ou cela, disent-ils souvent. Est-ce que ce sont les gaz à effet de serre ? autre chose ? une combinaisons de facteurs ? Par exemple, la diminution de l’oxygène dans les rivières est causé par les stations d’épuration et l’agriculture. La chute de la biodiversité est causée en grande partie par la destruction des habitats naturels (remembrement agricole, déforestation), le rejet de perturbateur endocriniens, la pollution des océans, etc. De nombreux écosystèmes sont menacés par les dizaines d’espèces invasives importées chaque année par la mondialisation. De nombreux problèmes graves et bien visibles ne sont pas… Lire la suite »