Crise : des voix s’élèvent pour les 32h par semaine


Une idée pas du gout d'Emmanuel Macron...


Alors que les libéraux veulent augmenter le temps de travail jusqu’à 60h par semaine, Philippe Martinez réclame lui le passage aux 32h.

Depuis le début de l’ère industrielle, la réduction du temps de travail a toujours été un objectif pour la classe ouvrière. Pour le grand patronnât au contraire, il s’agirait d’un frein à la croissance. À travers l’Histoire, ce débat a toujours été l’un des parfaits symboles de la lutte des classes.

La grande Histoire de la réduction du temps de travail

Au début du 19ème siècle, avec l’émergence des usines, les ouvriers travaillent jusqu’à quinze heures par jour, sans compter le temps de marche jusqu’à leur lieu de travail. C’est seulement en 1814, le dimanche devient férié. En 1841, le travail est interdit aux enfants de moins de huit ans. Dès 1919, vient la semaine de 48h par jour. Les grèves de 1936 arrachent les congés payés et la semaine de 40h. Enfin dans les années 80, la semaine tombe à 39h, puis à 35h en 2000.

Les 35h, une avancée sociale sans cesse remise en cause

Depuis son instauration il y a plus de vingt ans, la réduction du temps de travail a toujours été remise en cause par le grand patronnât et divers partis politiques. Main dans la main, on ainsi pu entendre Nicolas Sarkozy, le Medef, ou encore Marine Le Pen appeler à la fin des 35h. Emmanuel Macron, lui aussi s’est inscrit dans cette voie, déclarant notamment que « quand on est jeune, 35h ce n’est pas assez ». Avec la loi Pénicaud de 2017, il place d’ailleurs le temps de travail sous l’égide des accords de branche, rejoignant ainsi le programme du Rassemblement National de 2017.

Les Français ne veulent pas travailler plus

Or selon les sondages, près de deux tiers des Français seraient opposés à l’augmentation du temps de travail. Il a donc toujours été difficile pour les gouvernements successifs de revenir sur cette loi, par peur d’une colère sociale. Nicolas Sarkozy, plein de regrets, n’a ainsi pas osé franchir le pas, en vue des élections (qu’il a malgré tout perdu). François Hollande et Emmanuel Macron ont eux emprunté le chemin de traverse des « accords de branche » pour ne pas avoir à jouer franc jeu. Mais avec la crise, rien n’empêchera peut-être plus au gouvernement de passer à l’action.

Deux siècles de lutte balayés ?

Dans les hautes sphères du pouvoir, l’état d’urgence sanitaire va, en effet, faire exploser notre modèle social. Il sera ainsi possible de travailler jusqu’à 60h par semaine ! Que cette mesure puisse devenir permanente ne parait même plus irréel. Elle était déjà appliquée avant la crise en Autriche par les alliés européens du RN. Et elle pourrait aujourd’hui devenir un effort réclamé aux Français, balayant ainsi deux siècles de conquêtes sociales.

Le rêve d’un autre monde

En 1931, l’économiste John Keynes prédisait pourtant qu’en 2030 on ne travaillerait plus que 15h par semaine. Si ce rêve peut aujourd’hui paraître lointain, la volonté populaire pourrait néanmoins résister face à ce terrible engrenage. Dans certaines entreprises le confinement avait même mécaniquement entraîné une réduction du temps de travail. L’expérience s’est d’ailleurs avérée bénéfique.

Les bénéficies de la réduction du temps de travail

Chez Airbus par exemple, le temps de travail journalier a été réduit de 3h. Avec des semaines de 32h, la qualité de production des ouvriers et le bien-être au travail se sont grandement améliorés. « Avant je cravachais, aujourd’hui je fais du bon boulot » explique l’un des employés. À travers le monde, de nombreuses entreprises ont d’ailleurs constaté l’augmentation de la productivité en réduisant le temps de travail. Certains salariés, moins surmenés, plus heureux, produisent même autant, voire plus, avec moins d’heures. Et surtout ils produisent mieux.

Lutter contre le chômage

Avec la robotisation de la société, il est à parier que sans partage du travail, le plein emploi ne restera qu’un doux rêve. À l’heure actuelle, il y a presque trois fois plus de chômeurs que d’offres d’emplois. Et 75% des embauches se font sur des contrats courts. Si l’idée du salaire à vie parait encore utopique, le partage du temps de travail semble lui essentiel. Selon une étude censurée, et malgré les déclarations des libéraux, les 35h ont d’ailleurs créé plus de 350.000 emplois.

Des voix s’élèvent pour les 32h

« Je n’ai toujours pas compris le principe qui consisterait à dire que ceux qui ont du boulot devraient travailler plus pour en donner à ceux qui n’en ont pas, ce n’est pas possible » s’est ainsi étonné Philippe Martinez. Comme le patron de la CGT, plusieurs voix se sont élevées pour la réduction du temps de travail à 32h par semaine. C’est notamment le cas du NPA, de LO ou de la France Insoumise. Dans certaines entreprises, la semaine de quatre jours est même entrée en vigueur.

« J’invite certains députés à passer quelques mois sur une chaîne automobile »

Dénonçant des abus de certaines entreprises, le leader de la CGT s’est ensuite emporté contre quelques élus : « J’invite certains députés de droite que j’ai entendus, mais d’autres aussi, à aller passer quelques mois sur une chaîne automobile travailler plus et on verra dans quelles conditions de santé ils finissent. Certains y passent toute une vie. » Une chose est sûre, si les citoyens aspirent à la réduction du temps de travail, il faudra l’arracher au gré de combats sociaux, comme l’ont toujours fait des générations de travailleurs à travers l’Histoire.

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Nicolas Hoar
4 années il y a

Entièrement d’accord avec les 32 h. ça sert à rien d’en faire trop, et on devrait tous réduire nos dépenses, ça réduirait aussi la pollution.

Avlula
4 années il y a

Je suis pour aussi. Et dans les professions plus intellectuelles et moins physiquement usantes il y a de toute façon des forfaits jours maintenant, donc quelqu’un de frais et motivé peut déjà faire des journées de travail plus longues si ça lui chante (et inversement).

Néanmoins il faut aussi comprendre pourquoi on importe autant de travailleurs étrangers (détachés etc.) alors qu’on a plein de chômeurs et précaires.

Eusèbe
4 années il y a
Reply to  Avlula

« comprendre pourquoi on importe autant de travailleurs étrangers (détachés etc.) alors qu’on a plein de chômeurs et précaires » : probablement pour mettre en concurrence « libre et non faussée » les forces de travail ambulantes, celles qui ont très faim donc prêtes à accepter des conditions difficiles et mal rémunérées contre celles qui ont vécu dans le confort des conquis sociaux de quatre ou cinq générations et qui trop souvent ne savent pas ou ont oublié les luttes passées du mouvement ouvrier avec ses organisations politiques et syndicales.

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