Présentes partout, mais souvent ignorées et dépréciées les femmes de ménage exercent une profession pénible mais pourtant indispensable à la société.
Elles sont là au petit matin ou bien tard le soir. Les entreprises ont tout fait pour qu’on ne les voie plus. Les bureaux, les écoles, les hôpitaux ne se nettoient pourtant pas tout seuls. Le secteur occupe même près de 8% des salariés français. Chaque jour ce sont ainsi 2,3 millions d’agents d’entretien qui s’affairent à rendre notre monde plus propre.
Portrait robot
Peut-être devrions nous plutôt parler d’agentes d’entretiens, car la profession est exercée à 80% par des femmes, dont la moitié ont plus de 50 ans. Il faut dire qu’au regard de la société, la profession est encore apparentée à une tâche domestique, elle-même le plus souvent réalisée par des femmes. Selon une étude de la DARES, le secteur regroupe également deux fois plus d’immigrés que pour l’ensemble des salariés. 20% d’entre eux sont ainsi d’origine étrangère.
Une nécessité plus qu’une vocation
Souvent peu diplômé, le personnel de la propreté ne fait pas non plus ce métier par vocation. 83% d’entre eux n’aimeraient pas que leurs enfants suivent leur propre voie. La plupart du temps, les employés viennent d’ailleurs à ce travail par nécessité, face au chômage. Y accéder s’avère plus facile qu’ailleurs, notamment pour les personnes de plus de 50 ans ; il s’agit même du métier qui devrait le plus recruter dans les trois prochaines années. Et même si bon nombre d’entre elles n’ont au départ pas nécessairement l’envie de poursuivre dans cette voie, l’engrenage de la vie fait que les femmes de ménage y sont contraintes.
Des corps usés
Le métier expose d’autre part les salariés à une pénibilité certaine. Toujours selon la même étude, neuf salariés sur dix du secteur du nettoyage sont exposés à un risque physique. Soumises à un travail répétitif mais aussi aux postures pénibles, les femmes de ménages sont également exposées aux risques chimiques. En 2016, près de 75% des concernés déclaraient avoir ressenti des douleurs physiques dues à leur travail.
Pas de prime ni de médaille
Interrogée par le député François Ruffin, Géraldine, agente d’entretien à l’hôpital d’Amiens fait figure de cas encore plus particulier. En effet, elle fait partie de ce personnel en lien avec le domaine de la santé, tout comme les nombreuses aides à domicile. Or comme la plupart des femmes de ménage, Géraldine a été embauchée non par l’hôpital mais par une entreprise sous-traitante. Par ce fait, comme beaucoup de ses collègues, elle n’a pas eu le droit à la prime de 1000€ offerte au personnel hospitalier. Dans son métier elle a pourtant bien été particulièrement exposée au risque du covid-19. Sans reconnaissance pécuniaire, elle n’aura sans doute pas non plus le droit à la reconnaissance symbolique des médailles promises aux soignants.
Départ à 5h, retour à 20h30
Au-delà de l’invisibilisation qu’elles subissent, certaines d’entre elles réclament surtout l’amélioration de leurs conditions de travail. Géraldine, pourtant en temps partiel, explique ainsi devoir subir une amplitude horaire de près de 11h30. Avec plusieurs sites à nettoyer, souvent éloignés les uns des autres et l’obligation de prendre les transports en commun, il lui arrive ainsi de quitter son logement à 5h du matin pour ne rentrer qu’à 20h30 le soir. Ces heures de transport, pourtant intégralement consacrées au travail ne sont bien évidemment pas rémunérées.
Les femmes de ménage ne font plus partie des entreprises
Si l’on peut en arriver à de telles extrémités, c’est essentiellement parce que les salariés de la propreté ne sont plus intégrés aux entreprises. La plupart d’entre eux sont en effet employés par un sous-traitant. Privés d’horaires de bureaux, ces employés ne peuvent ni se mélanger avec les autres membres de l’entreprise ni bénéficier des mêmes avantages.
Le prestige compte plus que l’utilité
Car avant tout, l’objectif pour les entreprises c’est de rendre ces personnes complètement invisibles. L’essentiel du travail est donc réalisé tôt le matin et tard le soir. Le métier est même décrié par la société, associé à un échec professionnel. Il est pourtant d’une utilité cruciale et fait partie de ces professions dont la société ne pourra jamais se passer. À l’inverse, de nombreux métiers de la communication ou de la finance sont glorifiés. La crise du coronavirus a pourtant démontré quelles étaient les professions dont on pouvait aisément se passer et celles qui au contraire resteront toujours indispensables.
Tout ça pour un salaire de misère
Malgré la pénibilité, l’utilité de l’emploi et l’énorme amplitude horaire consommée par le travail, les rémunérations ne suivent pas du tout. En temps partiels pour plus de la moitié d’entre elles, les femmes de ménage peinent même à atteindre le SMIC. Pire, la moyenne nationale est d’à peine 474€ par mois. Preuve que travailler n’est pas nécessairement suffisant pour se sortir de la précarité.
Le combat de Ruffin
Très engagé pour ce combat aux côtés des femmes de ménage, notamment après avoir rencontré celles de l’assemblée nationale, François Ruffin, député insoumis, mettait cette semaine une proposition de loi sur la table pour améliorer les conditions de travail de la profession. Le texte devait par exemple inciter les entreprises à embaucher les femmes de ménage directement mais surtout à leur donner de vrais horaires de bureau pour réduire leur temps de mobilisation.
Le mépris de la Macronie
Seulement, en commission des lois, les députés LREM ont amendé la proposition au point de le « vider de toute substance ». À tel point que le picard a refusé de voter pour cette nouvelle mouture et a poussé un coup de gueule mémorable. Face à lui, Brigitte Bourguignon, députée LREM et présidente de la commission des affaires sociales n’a pu montrer qu’ironie et mépris. Pas de doute, nous sommes toujours en Macronie…
Le Média pour Tous
Et les ouvriers du bâtiment?
le monde d’après n’existe pas . La macronie est encore et toujours la même : arrogante, méprisante, et imbue d’elle-même dans une supériorité qu’elle s’est inventée . A vomir!
…
2,3 millions d’agents d’entretien Ça en fait un bel électorat. C’est vraiment énorme. Peut-être devrions nous plutôt parler d’agentes d’entretiens, car la profession est exercée à 80% par des femmes Donc non, et puis de toute façon c’est un métier, donc ça n’a rien à voir avec le sexe en soi, pas la peine de réfléchir au genre. Il faut dire qu’au regard de la société, la profession est encore apparentée à une tâche domestique, elle-même le plus souvent réalisée par des femmes. Attention de ne pas laisser entendre « plus souvent que leur conjoint », alors… Lire la suite »