PARIS – La scène s’est déroulée samedi 22 décembre dans le métro à Paris. Le journaliste de 20 Minutes Thibaut Chevillard rentrait des manifestations de gilets jaunes dans la capitale. Il se trouvait dans une rame de la ligne 4, vers 23h.
« Je n’ai pas l’habitude de parler de ma vie personnelle sur Twitter. Mais j’ai été tellement choqué par ce que j’ai vu, ce soir, dans la ligne 4 du métro, que je ressens le besoin d’en parler ici », a-t-il écrit en préambule d’un thread qui est depuis très partagé sur le réseau social.
L’incident, à lire en intégralité en cliquant ici et pour lequel la préfecture de police de Paris a ouvert une enquête, a impliqué une dame âgée et trois gilets jaunes éméchés, qui ont notamment fait des « quenelles », un geste inventé par Dieudonné en 2005 et considéré comme antisémite.
« Dégage la vieille! »
Face à la médiatisation de ce fait divers, la dame âgée (qui n’a pas souhaité donner son prénom) impliquée a contacté 20 Minutes ce dimanche après-midi, apportant son témoignage.
Elle explique qu’elle s’est levée pour aller voir les trois gilets jaunes au moment où ils ont commencé à faire des « quenelles ». « C’est une geste antisémite, je suis juive, mon père a été déporté à Auschwitz où il est mort. Je vous demande d’arrêter », leur dit-elle.
Mais les trois hommes en face d’elle rigolent et continuent.
Si elle a bien entendu l’un des hommes lui dire qu’il avait, comme son père, été à Auschwitz, elle n’est pas certaine, avec le bruit du métro, qu’il a ajouté que « cela n’avait jamais existé », comme l’avait affirmé 20 Minutes dans son premier article. Mais la dame âgée a « senti » sur le moment qu’il sous-entendait « un truc comme ça ».
Elle décrit le reste de la scène au quotidien: des « dégage la vieille! » hurlés pendant une à deux minutes par l’un des trois hommes du groupe. « Je lui ai demandé d’aller jusqu’au bout et de dire ‘dégage la vieille juive », raconte la dame âgée.
Elle a aussi entendu l’un de ces individus faire des références à la « révolution nationale », qui est l’idéologie officielle du régime de Vichy.
Une fois arrivée à son arrêt, Saint-Sulpice, la dame âgée explique être descendue « très calme » de la rame, sans baisser la tête comme l’avait rapporté initialement le journaliste de 20 Minutes. « J’étais contente de mon esclandre! Si je m’étais sentie en danger je ne l’aurais pas fait », explique-t-elle après coup.
« Manifestement, c’était des c… qui disaient des bêtises », des gens « qui n’ont pas eu d’éducation », pense-t-elle, comprenant par ailleurs que les gens autour dans la rame n’aient rien fait: « Ils ont probablement estimé que ce n’était pas la peine de leur répondre ».