Nous apprenons au détour d’un article de France Culture que pour la première fois en France, un groupe privé est en lice (et en bonne place) pour racheter un hôpital public endetté.
On y est ! Macron jubile. Les politiques ultra-libérales mises en place sur injonction de la Commission Européenne et qui s’étendent désormais jusqu’à l’organisation des systèmes de santé des pays de l’UE, sont sur le point de franchir un nouveau cap très symbolique : le rachat par une société privée d’un hôpital public en mauvaise posture financière. Alors bien sûr la faute est rejetée sur les gestionnaires de cet hôpital qui auraient pris de « mauvaises décisions » et auraient investis – grave erreur ! – dans une rénovation et un agrandissement des locaux vieillissants de l’hôpital. Cela ne cadre pas avec la logique générale voulue par l’Union Européenne qui fait de plus en plus pression pour diminuer le coût des systèmes de soins et accélérer la mise en concurrence des acteurs dans ce secteur. Pour elle, tout doit être rentable ! Par conséquent, comme pour la papetière Arjo Wiggins, les sucreries de Toury et tous les secteurs ravagés par ces politiques ultra-libérales de l’UE, inutile de compter sur l’Etat français pour renflouer l’hôpital du Maine et Loire : un appel d’offre est lancé pour trouver un repreneur.
Deux offres ont été retenues : l’une d’un organisme public et l’autre du groupe privé LNA Santé, spécialiste des Ehpad. Le groupe privé proposerait de mettre autour de 18 millions d’euros sur la table et promet de garder l’ensemble du personnel. Mais sous quel statut ? C’est toute la question et aucune réponse n’est apportée au personnel hospitalier, qui s’inquiète de ce rachat potentiel, de l’avenir de leurs conditions de travail et de la qualité des soins prodigués.
Car avec cette reprise, c’est la logique marchande qui se substitue à l’universalité du service public. D’ailleurs, le groupe privé LNA ne s’en cache pas et a annoncé qu’il prévoyait de revoir la grille tarifaire : par exemple, le prix de la journée à l’Ehpad du centre hospitalier passerait de 62 euros à 67,50 euros, soit une augmentation de 150 euros par mois. Autrement dit, il faut s’attendre à un saut tarifaire très important pour des bourses qui, quant à elles, fondent à vue d’œil.
Une responsable CGT de l’hôpital émet de sérieux doute quant au maintien d’une qualité de service égale pour tous :
« On ne veut pas que cet hôpital devienne un repaire pour vieilles dames à manteau de fourrure. Le groupe LNA propose des chambres de luxe : de qui dois-je m’occuper en priorité ? De la dame qui paie sa chambre cher ou de celle qui paie moins cher ? Normalement, je dois m’occuper des deux personnes de la même façon. Dans le public, c’est comme ça ; dans le privé, je ne pense pas. »
Le maire de la ville, Frédéric Mortier (divers droites) voit, quant à lui, la privatisation comme une « opportunité à saisir » permettant « d’augmenter les moyens de l’hôpital » :
« Le personnel fait un travail extraordinaire avec les moyens qu’il a aujourd’hui ; je pense qu’on peut lui donner encore plus de moyens. Et c’est sans doute le privé qui va pouvoir leur donner plus : il faut juste y croire. »
Y croire ? Nous ne voulons pas croire mais voir, et nous voyons un pays en ruine et des Français qui souffrent. Peut-être est-il grand temps pour les politiques de le voir également ?
C’est mi-novembre que nous saurons si l’hôpital du Maine et Loire passe sous pavillon privé.
Nous suivons ce dossier avec intérêt.
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