L’impact climatique des nouvelles intelligences artificielles (IA) n’est que rarement évoqué, pourtant la valeur d’une bouteille d’eau de 500 ml est utilisée lors de chaque conversation avec le robot. Et ce n’est pas tout… « L’Obs » a enquêté.
C’est devenu le principal tabou des acteurs des technologies : l’impact climatique des nouvelles intelligences artificielles (IA). Depuis un an et l’irruption de ChatGPT, le robot conversation d’OpenAI, les IA dites « génératives » ont le vent en poupe, volontiers promues comme un bouleversement à venir « au moins aussi important qu’internet ». Sauf que la question des ressources nécessaires pour les faire fonctionner n’est jamais évoquée.
L’américain OpenAI incarne à l’extrême cette problématique. Tandis que la start-up clame « façonner l’avenir de la technologie » avec « un examen attentif de son impact », multipliant les clichés de salariés entourés de plantes vertes, jamais au grand jamais elle ne livre le moindre détail sur son impact environnemental. Interrogée par « l’Obs », elle botte en touche, sans fournir le moindre élément. Même chose quand on questionne ChatGPT lui-même, il noie le poisson : « Tout dépend de la manière dont il est utilisé […] les chiffres précis varient en fonction de l’infrastructure. » Sur son forum d’utilisateurs, un responsable de la firme pratique tout aussi bien la langue de bois à propos des émissions de CO2 dues à l’usage de ChatGPT :
« Nous n’avons pas fait ce calcul complet. Mais la tendance est à la baisse, vers zéro. L’infrastructure d’OpenAI fonctionne sur Azure [les serveurs cloud de Microsoft, NDLR], et Azure fonctionnera à 100 % avec de l’énergie renouvelable d’ici 2025. »
OpenAI est largement financée par le géant Microsoft, qui s’est engagé à atteindre une empreinte carbone négative d’ici 2030. Mais entre cet horizon promis et la réalité actuelle, impossible d’en savoir plus. « C’est ça le pire : on n’a aucune information, alors même qu’on assiste à une course des entreprises pour déployer des IA génératives partout, sans se poser la question de l’impact, déplore Sasha Luccioni, responsable climat chez Hugging Face, une plateforme de développement d’IA. OpenAI ne dit rien sur la localisation de ses serveurs et la consommation d’eau pour les refroidir, ne dit pas quelle est la taille de son modèle d’IA, s’il y a un ou plusieurs modèles qui fonctionnent en parallèle – et donc multiplie l’impact –, ne dit pas les puces qui équipent ses machines – et donc leur consommation d’énergie et de minerais –, etc. »